Une semaine cruciale s'ouvre en Europe. Les pressions sont fortes pour que les pays de la zone euro adoptent des mesures assez fermes pour rassurer les marchés. Un exercice pénible, sans rapport avec les grands idéaux qui ont guidé la construction de l'Europe.

Une semaine cruciale s'ouvre en Europe. Les pressions sont fortes pour que les pays de la zone euro adoptent des mesures assez fermes pour rassurer les marchés. Un exercice pénible, sans rapport avec les grands idéaux qui ont guidé la construction de l'Europe.

Cette crise-là n'est pas que financière. Elle est aussi, et surtout, existentielle. L'austérité et la discipline fiscale requises pour stabiliser la monnaie commune sont perçues comme de graves atteintes à l'individualité des pays membres, et la réaction est proportionnelle à l'outrage ressenti. On l'a constaté dans les rues d'Athènes, on risque de le voir bientôt dans toute l'Espagne si la menace de grève générale se concrétise.

L'idéal européen, construit sur le noble «plus jamais» de l'après-Deuxième Guerre mondiale, s'accommode mal de ces plates réalités budgétaires. Impossible, toutefois, de les ignorer. Le Royaume-Uni, qui n'adhère pourtant pas à la monnaie commune, vient d'annoncer des réductions de dépenses dans l'appareil de l'État, et promet d'autres compressions encore plus importantes en juin. Un régime draconien rendu inévitable par le poids de la dette, a justifié le nouveau gouvernement de coalition. La Grèce, l'Espagne ou le Portugal n'y auraient pas coupé si elles avaient fait cavalier seul.

Après une semaine marquée de tiraillements, les ministres des Finances de la zone euro se sont entendus vendredi sur quatre priorités à faire avancer au cours des prochains mois. Sauf que l'Europe n'a pas tout ce temps. Le reste du monde est inquiet. En particulier les États-Unis et la Chine, qui redoutent de voir la reprise torpillée. La visite du secrétaire au Trésor américain en Allemagne jeudi accentuera la pression en faveur de résolutions fermes. Timothy Geithner n'aura cependant pas besoin d'en faire beaucoup. Les marchés auront déjà préparé le terrain.

Plusieurs pays du Vieux Continent tournant au ralenti à cause du congé de la Pentecôte, les parquets européens n'ont pas émis de signaux clairs hier. Par contre, le recul de l'euro et des principaux indices boursiers américains en dit long sur la nervosité ambiante. La prise de contrôle par la Banque centrale d'Espagne d'une caisse d'épargne au bord du gouffre, et la perspective de devoir intervenir auprès d'une quinzaine d'autres ne sont évidemment pas de bonnes nouvelles. Mais ce sont des nouvelles qui, dans d'autres circonstances, n'auraient sans doute pas déclenché une réaction d'une telle intensité. Le contexte d'incertitude actuel ravive la pire crainte de l'automne 2008, celle d'une contamination financière à grande échelle.

La faiblesse de l'euro, on le sait, avantage les grands exportateurs, dont l'Allemagne. Cependant, aucun des utilisateurs de la monnaie commune n'a intérêt à ce qu'elle soit aussi instable. Les Européens vont devoir faire le nécessaire pour rassurer les investisseurs, et décourager les spéculateurs.

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