Les petits chats, avec leurs grands yeux, leurs oreilles poilues et leurs cabrioles, sont tout simplement irrésistibles. Ce qui leur vaut bien des adoptions impulsives, parfois même déraisonnables. Rien de dramatique, les impacts d'une telle décision étant assez limités. Il en va autrement du budget de la Santé. On souhaiterait que Québec garde la tête froide et alloue les fonds selon la gravité des besoins. Hélas, nos élus ont une fâcheuse tendance à céder au facteur chaton.

Les petits chats, avec leurs grands yeux, leurs oreilles poilues et leurs cabrioles, sont tout simplement irrésistibles. Ce qui leur vaut bien des adoptions impulsives, parfois même déraisonnables. Rien de dramatique, les impacts d'une telle décision étant assez limités. Il en va autrement du budget de la Santé. On souhaiterait que Québec garde la tête froide et alloue les fonds selon la gravité des besoins. Hélas, nos élus ont une fâcheuse tendance à céder au facteur chaton.

L'actualité nous en a fourni deux exemples flagrants au cours de la dernière semaine. D'un côté, les traitements de fertilité, que Québec s'engage à rembourser d'ici à la fin juin. De l'autre, les pompes à insuline, que l'État hésite encore à assumer pour des enfants diabétiques dont la vie en dépend.

La santé, on le sait, est déjà le plus gros poste budgétaire de la province. Même sans ajout de services, le coût augmente plus vite que l'inflation. Il est donc normal que l'État s'interroge sur la pertinence de couvrir les traitements plus coûteux - un médicament qui rallongerait la vie de quelques mois seulement, par exemple.

Ce qui est inacceptable, c'est la subjectivité avec laquelle s'exerce cette rigueur budgétaire. Dans certains cas, elle prend carrément le bord. Pas pour des questions de vie ou de mort, ni même pour des traitements qui font l'unanimité au sein de la population. Parce que les élus sont incapables de résister.

C'est ce qui est arrivé avec les traitements de fertilité, cause chaton par excellence, portée par les trois principaux partis aux dernières élections. Ces interventions, qui peuvent coûter jusqu'à 30 000 $ par patiente, siphonneront bientôt 80 millions par an du budget de la Santé. Budget, faut-il le rappeler, dont l'insuffisance justifie chaque jour des refus et des délais de traitement de toute sorte.

Pourquoi dépenser autant d'argent dans l'espoir de faire naître des enfants, si on n'a pas les moyens de soigner ceux qui sont là? L'histoire du jeune Samuel, rapportée par notre collègue Vincent Marissal, n'a rien de glorieux pour notre système. Oui, les pompes à insuline coûtent cher (7000$, à remplacer après quelques années, et 3000$ de matériel par an). Sauf que pour Samuel, dont le diabète est incontrôlable, c'est le seul moyen d'éviter un épisode fatal. Mais Québec a toujours refusé de couvrir cet équipement, qui ne s'adresse pourtant qu'à un nombre limité d'enfants. Des enfants! Si leur facteur chaton n'est pas assez élevé pour leur permettre de recevoir des soins essentiels, le pire est à craindre pour les autres malades.

Parlez-en aux aînés qui s'empilent aux urgences. Aux patients qui se rongent les sangs en attendant leur test diagnostique ou leur traitement pour le cancer. À ceux-là, le système demande d'être compréhensifs: on manque de ressources. Une façon polie de leur dire que leur cas n'est pas assez touchant. C'est révoltant.

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