La Banque du Canada l'a confirmé hier: l'économie canadienne évolue en ce moment sur une autre planète. Une planète qui n'est toutefois pas isolée des autres, et qui risque encore d'en être affectée.

La Banque du Canada l'a confirmé hier: l'économie canadienne évolue en ce moment sur une autre planète. Une planète qui n'est toutefois pas isolée des autres, et qui risque encore d'en être affectée.

Le Canada n'a surpris personne en devenant le premier pays du G7 à relever son principal taux directeur. Son peu d'empressement à le refaire n'est cependant pas passé inaperçu. Le taux cible du financement à un jour grimpe d'un quart de point, mais ce geste ne se répétera pas automatiquement à chaque occasion, a prévenu la Banque.

Son précédent communiqué, émis il y a un mois et demi, avait créé d'autres attentes. Plusieurs économistes entrevoyaient une hausse plus substantielle (un demi-point) dès maintenant, suivie d'autres d'ici la fin de l'année. Pas si vite, nous dit aujourd'hui la Banque, en évitant soigneusement de s'engager pour le 20 juillet: «Étant donné l'incertitude notable pesant sur les perspectives, toute nouvelle réduction du degré de détente monétaire devra être évaluée avec soin.»

L'incertitude, on l'aura compris, vient surtout de l'Europe, mentionnée trois fois dans le communiqué d'hier. Après des semaines de mauvaises nouvelles, la Banque centrale européenne n'a rassuré personne lundi en annonçant que les banques de la zone euro pourraient devoir inscrire jusqu'à 195 milliards d'euros (251 milliards de dollars) de dépréciations supplémentaires d'ici la fin de 2011.

Le même jour, Statistique Canada annonçait une croissance de 6,1% chez nous au premier trimestre. «Jusqu'à présent, les répercussions au Canada des événements survenus en Europe ont été limitées», estime notre banque centrale. La situation de la planète Canada a beau être très éloignée de celle la planète Europe, on souhaite vivement que le climat s'améliore sur cette dernière. Car pour l'instant, la confiance générale en la reprise demeure fragile et sujette à toutes les bourrasques.

Il n'y a qu'à voir comment les principaux indices boursiers, les cours des matières premières et le prix du pétrole ont été ballottés hier. Entre les indices de croissance manufacturière moins fortes que prévu en Chine, les nouvelles encourageantes en provenance des secteurs manufacturier et de la construction américains et, bien sûr, le malaise européen, le vent a eu le temps de tourner plusieurs fois en cours de séance. Et tant que les principales zones économiques ne seront pas capables d'émettre un flux soutenu de signes positifs, cette nervosité demeurera la norme. Les marchés ne sont pas les seuls affectés. L'incertitude actuelle n'incite pas les entreprises à investir ni à embaucher, bien au contraire.

On peut se réjouir des conditions exceptionnelles qui règnent sur la planète Canada, mais il serait préférable que cette exception soit de courte durée, et devienne la norme le plus rapidement possible.

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