Comme on pouvait s'y attendre, le deuxième plan de lutte à la pauvreté du gouvernement Charest suscite de vives critiques des groupes sociaux. De fait, les plus démunis n'y trouveront guère de quoi améliorer leur condition sur-le-champ. Le document respecte néanmoins la logique du plan précédent, en y ajoutant certains éléments.

Comme on pouvait s'y attendre, le deuxième plan de lutte à la pauvreté du gouvernement Charest suscite de vives critiques des groupes sociaux. De fait, les plus démunis n'y trouveront guère de quoi améliorer leur condition sur-le-champ. Le document respecte néanmoins la logique du plan précédent, en y ajoutant certains éléments.

La principale revendication des militants antipauvreté, la disparition des fameuses catégories d'aide sociale qui aurait permis aux prestataires jugés aptes à l'emploi de toucher quelques centaines de dollars de plus par mois, n'a pas été retenue. Trop cher, dit le ministre Hamad. Et politiquement impensable: comment Québec aurait-il pu, dans le contexte actuel, faire avaler une telle pilule aux contribuables? D'autant qu'il aurait eu l'air de renier sa stratégie d'incitation au travail.

On aurait cependant aimé voir des mesures spécifiques pour les prestataires qui ont plus de difficultés à se trouver du travail. Québec se flatte d'avoir réussi, avec son premier plan, à ramener des citoyens sur le marché de l'emploi. Mais certains partent de tellement loin, ou sont tellement démunis, qu'ils auraient besoin de beaucoup plus de soutien et d'encadrement pour y parvenir.

On aurait aussi souhaité plus de logements sociaux. Le premier plan en promettait 16 000, celui-ci en confirme seulement 3000. Il est regrettable que ce gouvernement, qui a décidé de transformer la province en vaste chantier, n'ait pas réservé une plus grande part de son budget béton à ce type d'infrastructure. Offrir des logements décents à coût raisonnable est pourtant l'un des moyens les plus efficaces d'améliorer le sort des personnes à faible revenu.

La Loi visant à lutter contre la pauvreté impose au Québec de se hisser parmi les nations industrialisées comptant le moins de personnes pauvres d'ici 2013. Le moment de vérité approche. Mais comme les données sont toujours publiées avec plusieurs années de retard, le gouvernement aura de la marge pour louvoyer. D'autant que certains aspects du nouveau plan, comme l'efficacité de l'approche régionale, seront quasi impossibles à évaluer.

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Cela dit, la performance québécoise est loin d'être catastrophique. L'État y est plus efficace à réduire la disparité des revenus que dans le reste du Canada, notait récemment l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques dans un bilan sur 30 ans. Le premier plan de lutte à la pauvreté a poursuivi dans cette lignée, en aidant à réduire de façon importante le pourcentage de mères monoparentales à faible revenu.

Le nouveau plan fait un pas de plus en exemptant une partie de la pension alimentaire des mères monoparentales. Un gain réel, mais qui exaspère parce que cet argent destiné aux enfants devrait être entièrement exempté - même l'impôt ne le considère pas comme un revenu.

Il reste bien du travail à faire pour se rapprocher, non seulement de l'objectif, mais de l'esprit de la loi contre la pauvreté.

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