Empocher des millions de dollars de ristournes sur des médicaments génériques, comme de nombreux propriétaires de pharmacies l'ont fait au début des années 2000, est une faute déontologique, a jugé récemment le conseil de discipline de l'Ordre des pharmaciens du Québec. Une belle victoire pour le syndic, qui a porté cette affaire à bout de bras durant plus de sept ans. Prochain défi : les pratiques des pharmaciens envers les patients dont les médicaments ne sont pas couverts par le régime public.

Empocher des millions de dollars de ristournes sur des médicaments génériques, comme de nombreux propriétaires de pharmacies l'ont fait au début des années 2000, est une faute déontologique, a jugé récemment le conseil de discipline de l'Ordre des pharmaciens du Québec. Une belle victoire pour le syndic, qui a porté cette affaire à bout de bras durant plus de sept ans. Prochain défi : les pratiques des pharmaciens envers les patients dont les médicaments ne sont pas couverts par le régime public.

L'assurance-médicaments a beau être universelle, les Québécois ne paient pas tous le même prix pour leurs pilules. Loin de là. La facture du pharmacien diffère selon que le client est assuré au public (RAMQ) ou auprès d'un régime privé. Et d'un établissement à l'autre pour les assurés au privé. Les écarts sont spectaculaires. De 9 % à 80 % pour une même prescription, a constaté le magazine Protégez-Vous au printemps.

Peu de gens en sont conscients. D'abord parce qu'on n'a pas le réflexe de magasiner ses médicaments. Et aussi parce que l'effet immédiat est limité. Que vous soyez couvert par la RAMQ ou par une compagnie privée, l'assureur ne peut pas exiger plus de 963 $ de franchise et de coassurance par an. Une fois ce seuil atteint, il doit tout payer.

Grâce à ce plafond, tous les citoyens semblent aussi bien protégés. Mais pour ceux qui sont couverts par le privé, c'est là que ça se gâte. Car si les prix que les pharmaciens peuvent réclamer à la RAMQ sont sévèrement encadrés, ceux qu'ils facturent aux autres assureurs sont laissés à leur discrétion. Et ils sont souvent plus élevés. De 14 % à 37 %, rapportait La Presse en 2008, après avoir vérifié cinq produits courants dans la région de Montréal. Une iniquité dont la plupart des clients ne sont pas conscients. Ils paient le pharmacien et refilent la note à leur assureur, sans réaliser qu'au bout du compte, ce sont eux qui paieront lorsque leur prime augmentera.

Est-il correct, du point de vue déontologique, qu'un pharmacien applique une politique de prix à deux vitesses sur les médicaments d'ordonnance ? Et jusqu'à quel point peut-il gonfler la note pour les patients assurés au privé ? Le syndic de l'Ordre des pharmaciens devrait se pencher là-dessus.

Québec a aussi une grande part de responsabilité. En effet, il n'a jamais exigé que les conditions qu'il négocie avec l'association des pharmaciens propriétaires pour les assurés du régime public s'appliquent à tous les Québécois. Et ce, même si un regroupement de promoteurs de régimes privés l'a demandé il y a cinq ans.

C'est d'autant plus odieux qu'aller au privé n'est pas un choix. Celui qui a accès à un tel régime, par son employeur, sa profession ou son conjoint, est forcé d'y adhérer. Résultat : la majorité (58 %) des Québécois sont couverts par une assurance-médicaments privée. Comment l'État peut-il les ignorer dans ses négociations, et les laisser à la merci des pharmaciens ? C'est inacceptable.

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