Devrait faire mieux. C'est la mention peu honorable qu'obtient le Canada au dernier bulletin de l'UNICEF sur la pauvreté des enfants. Les inégalités matérielles sont plus profondes ici que dans les deux tiers des pays riches étudiés. Une situation qui risque de coûter cher.

Devrait faire mieux. C'est la mention peu honorable qu'obtient le Canada au dernier bulletin de l'UNICEF sur la pauvreté des enfants. Les inégalités matérielles sont plus profondes ici que dans les deux tiers des pays riches étudiés. Une situation qui risque de coûter cher.

Le rapport rendu public vendredi par l'UNICEF évalue le bien-être des enfants de 24 pays développés de l'OCDE sous trois aspects: les conditions matérielles, l'éducation et la santé. On a mesuré, à l'intérieur de chaque pays, l'écart séparant les moins bien lotis de ceux qui se trouvent dans la médiane. Cet écart, qui montre à quel point les jeunes plus démunis sont laissés à la traîne, permet de comparer les pays entre eux.

Ce sont la Suisse, l'Islande et les Pays-Bas qui ont le mieux réussi à réduire les inégalités matérielles. Le Canada, lui, arrive 17e sur 24. Pas très glorieux. Comme plusieurs l'ont rappelé à l'occasion de la Guignolée, la pauvreté dure toute l'année.

Il est d'ailleurs troublant de voir qu'on utilise de plus en plus les enfants pour en parler. Sommes-nous devenus si insensibles que les inégalités, en général, nous indiffèrent? Pourtant, le dénuement des enfants est avant tout celui des parents. Impossible de remédier à l'un sans s'attaquer à l'autre. Pas étonnant que le Canada ait échoué à éliminer la pauvreté des enfants avant l'an 2000, comme il l'avait promis.

La situation s'est un peu améliorée depuis l'adoption de cette résolution aux Communes, en 1989. Près de 12% des enfants vivaient alors dans une famille à faible revenu. Ils ne sont plus que 9,1%. Mais ce décompte date de 2008, au début de la crise. Les progrès sont fragiles.

Réduire les inégalités exige aussi qu'on tienne compte de leur nature. Il y a la pauvreté des autochtones qui vivent dans les réserves. Celle, souvent transitoire, des nouveaux immigrants. Celle liée à des contextes sociaux particuliers - monoparentalité, régions à fort taux de chômage, etc. Chacune appelle des solutions différentes.

Heureusement, le Canada fait meilleure figure dans le reste du bilan de l'UNICEF. En santé, il se classe dans la moyenne, et en éducation, parmi les meilleurs. Nos élèves en difficulté accusent un retard moins grand que ceux des autres pays, montre ce classement établi à partir des scores de l'étude PISA en lecture, en maths et en sciences des élèves de 15 ans. Le Canada arrive troisième, tout juste après la Finlande et l'Irlande.

Une donnée encourageante, car l'éducation reste l'un des moyens les plus efficaces de se sortir de la pauvreté. Les jeunes des milieux défavorisés ne pouvant pas toujours compter sur leurs parents pour les aider dans leurs études, il est important que les écoles leur offrent un soutien supplémentaire. Et qu'elles n'abolissent pas ces programmes aux premières difficultés budgétaires.

Les enfants qu'on ignore deviendront des adultes qu'on ne peut plus ignorer. Comme le note crûment l'UNICEF, les inégalités engendrent une plus grande utilisation du système de santé, des programmes sociaux, de la police et des tribunaux. Aider les jeunes en difficulté n'est pas une question de charité, mais de bon sens.

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