À peine 303 millions. C'est ce que Québec économisera en construisant le CHUM en partenariat public-privé plutôt qu'en mode traditionnel. Une somme bien modeste comparativement à la valeur totale du projet, et à tous les désagréments qu'impose l'utilisation du mode PPP.

À peine 303 millions. C'est ce que Québec économisera en construisant le CHUM en partenariat public-privé plutôt qu'en mode traditionnel. Une somme bien modeste comparativement à la valeur totale du projet, et à tous les désagréments qu'impose l'utilisation du mode PPP.

Nos réserves et critiques à l'idée de construire nos deux plus grands hôpitaux universitaires en PPP sont bien connues. Nous les avons maintes fois exprimées dans ces pages. Ce qui ne nous a pas empêchés, lorsque Québec a confirmé son choix, à l'été 2007, de tirer un trait et d'inviter la communauté à aller de l'avant.

Trois ans et demi plus tard, on n'a pas tellement progressé. Et les développements, quand il y en a, s'accompagnent souvent de mauvaises nouvelles. Une gracieuseté du modèle PPP.

Québec vient de recevoir les propositions techniques des deux soumissionnaires. Leurs propositions financières suivront en janvier. Le consortium retenu devrait être annoncé en mars et les travaux débuter au printemps.

Sauf que la fin des travaux est retardée de neuf mois, et que la facture sera pas mal plus salée.

Ce n'est pas un dépassement de coûts, mais un réajustement des coûts, a insisté la présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne. C'est une caractéristique des PPP maintes fois vantée des politiciens. Au lieu de jouer dans le projet durant la construction, comme Québec l'a trop souvent fait pour ses projets gérés en mode traditionnel, on règle tout «avant» et on s'évite les mauvaises surprises.

Le problème, c'est que cet «avant» dure longtemps. Et que réajustés ou dépassés, les coûts demeurent à notre charge. La note frôle maintenant les 2,1 milliards de dollars, a-t-on appris, hier. C'est 61% plus que l'estimation de mars dernier.

Une partie de cette hausse (323 millions) vient des 30 000 mètres carrés bruts qu'il a fallu rajouter. Pas de nouveaux services, sauf l'ophtalmologie. Seulement une autre façon de calculer les espaces non cliniques.

Ce n'est pas un dépassement, mais l'effet est le même : on est incapable de s'en tenir aux montants annoncés. Et les raisons (ajouts, inflation, calculs qui ne tiennent plus) ne sont souvent pas différentes de celles évoquées en mode traditionnel.

Le taux d'actualisation de 6,5%, recommandé par le Vérificateur général du Québec, explique le reste de la différence. Québec a raison de dire que ces 472 millions-là ne constituent pas une hausse de coûts. Mais il devrait aussi rappeler que le taux utilisé auparavant exagérait l'avantage du PPP sur le mode traditionnel. L'économie autrefois estimée à 519 millions n'est plus que de 303 millions.

À titre de comparaison, le mode PPP a permis d'épargner 226 millions sur le parachèvement de l'autoroute 25, et 98 millions sur l'achat de places en CHSLD. C'est un peu moins que le CHUM, mais infiniment plus en pourcentage du coût total des projets.

Tout ça pour quoi, déjà?

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