Le discours sur l'état de l'Union que Barack Obama prononcera demain soir ne surprendra personne. Le président doit s'occuper de l'emploi. Et contrairement aux réformes de la santé et de la finance, la difficulté ne sera pas de faire accepter un plan, mais de produire des résultats.

«La vérité au sujet de l'économie actuelle, c'est que si nous voulons vraiment défendre les entreprises et les emplois américains, l'une des choses les plus importantes à faire est d'ouvrir davantage de marchés aux produits américains», a déclaré Obama, samedi, dans son allocution hebdomadaire.

La vérité sur l'économie américaine, c'est que malgré son redressement, le taux de chômage reste désespérément élevé. Et que la Maison-Blanche n'a pas beaucoup de pouvoir sur la création d'emplois. À moins de la stimuler artificiellement à coups de grands travaux, ce dont les États-Unis n'ont plus les moyens. Surtout pas à la grandeur du pays.

Le mieux que le président puisse faire, c'est de mettre en place des conditions qui inciteront le secteur privé à embaucher des travailleurs. Il s'y est attelé vendredi en nommant Jeff Immelt, PDG de General Electric, à la tête de son nouveau Conseil sur l'emploi et la compétitivité.

GE se pose en modèle de ce que prône Obama. Le conglomérat a créé quelque 6000 emplois manufacturiers aux États-Unis l'an dernier, dont plusieurs découlent de ses investissements en recherche et développement, auxquels il consacre environ 6% de son chiffre d'affaires.

Sauf que GE est aussi un triste exemple de la réalité manufacturière américaine. La société a fermé trois usines rentables pour déménager les emplois outre-mer l'an dernier, dénonce l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale. Si Jeff Immelt, qui reste à la tête de GE, continue sur cette lancée, son Conseil sur l'emploi perdra toute crédibilité. Et le président Obama ne manquera pas d'être éclaboussé.

Par contre, si ce patron prend sa mission au sérieux, il pourrait avoir une influence considérable. Républicain de longue date, très engagé dans la commémoration du 100e anniversaire de naissance de Ronald Reagan, Immelt aura l'écoute du secteur privé.

Les entreprises canadiennes ont tout intérêt à ce que nos voisins, et plus gros clients, se remplument. Qu'ils misent sur l'exportation pour y parvenir risque cependant d'en bousculer plusieurs. Avantagée par un dollar anémique, leur présence concurrentielle se fera de plus en plus sentir, ici comme à l'étranger.

La contrepartie heureuse, c'est que les Américains n'ont plus le choix de prendre position, ouvertement et sans ambiguïté, en faveur du libre commerce. «Ceux qui prétendent accroître l'emploi manufacturier en érigeant des barrières commerciales ont tout faux», a souligné le patron du nouveau Conseil sur l'emploi et la compétitivité dans une lettre ouverte au Washington Post.

Sages paroles, que nous saurons rappeler au besoin.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion