On sait que les personnes défavorisées ont plus de problèmes de santé. Et on a tendance à penser qu'un système de soins accessible à tous, comme le nôtre, règle le problème. On se trompe, montre une vaste étude publiée cette semaine. Le constat nous rappelle que la médecine n'est qu'une composante de la santé.

On sait que les personnes défavorisées ont plus de problèmes de santé. Et on a tendance à penser qu'un système de soins accessible à tous, comme le nôtre, règle le problème. On se trompe, montre une vaste étude publiée cette semaine. Le constat nous rappelle que la médecine n'est qu'une composante de la santé.

«Les pays riches qui prévoient améliorer la couverture d'assurance, comme les États-Unis, et les pays émergents qui envisagent une assurance santé nationale, comme l'Afrique du Sud, ne devraient pas compter uniquement là-dessus pour éliminer les injustices», concluent les chercheurs torontois dans le Health Affairs. Le Québec non plus, d'ailleurs.

Les chercheurs ont suivi près de 15 000 Ontariens durant plus de 10 ans. Des patients âgés d'au moins 20 ans sans maladie cardiovasculaire. Ils les ont classés selon leur statut socioéconomique (revenu familial et niveau d'éducation). Et ont noté qui avait du diabète, de l'hypertension ou des problèmes cardiaques, qui consultait, et qui mourait.

Leurs résultats sont frappants.

Même si les patients à faible revenu et peu scolarisés vont plus souvent chez le médecin, leur santé demeure nettement moins bonne que celle des patients en haut de l'échelle. Ils sont plus sujets au diabète et à l'hypertension et reçoivent davantage de pontages coronariens. Leur taux de mortalité est plus élevé, et ils meurent plus jeunes.

Le système remplit une partie de sa mission. Le revenu n'est pas un obstacle à l'accès, les malades n'ont pas à se demander s'ils ont les moyens de se faire soigner. C'est déjà beaucoup. On évite que la maladie et les accidents n'empirent la situation des moins favorisés.

Ce système, par contre, ne règle pas tout. Il ne change pas le fait que les individus socialement défavorisés risquent davantage d'avoir une maladie cardiovasculaire, et que leur pronostic est moins bon devant la maladie. On ne doit pas l'ignorer.

«Le peu d'effet des soins sur l'état de santé suggère que le contexte dans lequel ils sont habituellement prodigués - des rencontres dans les bureaux des fournisseurs de soins primaires, par exemple - ne permet peut-être pas de faire de la prévention efficace», notent les auteurs.

Des expériences avec le diabète ont montré qu'un suivi personnalisé, avec des rencontres individuelles fréquentes sur une longue période, donne de meilleurs résultats avec les patients défavorisés. D'autres stratégies de prévention gagneraient sûrement à être adaptées à cette clientèle.

On sait aussi que l'éducation donne accès à de meilleurs emplois, donc à de meilleures conditions de vie, et favorise l'adoption de saines habitudes.

Presque 45% des dépenses du Québec vont déjà à la santé. Au lieu de mettre toujours plus d'argent dans ce puits sans fond, on pourrait mieux financer l'éducation, avec l'objectif précis d'augmenter le taux et les niveaux de diplomation. Ça aurait sûrement plus d'effet sur l'état de santé général (et le bonheur!) de la population.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion