Certains des nouveaux pouvoirs que réclament les pharmaciens pourraient effectivement être utiles aux patients. Mais ne comptez pas là-dessus pour désengorger les salles d'attente.

Certains des nouveaux pouvoirs que réclament les pharmaciens pourraient effectivement être utiles aux patients. Mais ne comptez pas là-dessus pour désengorger les salles d'attente.

L'Ordre des pharmaciens a fait beaucoup jaser cette semaine en réclamant des activités supplémentaires. Ses membres veulent notamment renouveler et modifier des ordonnances, commander des tests de labos et, même, prescrire des médicaments pour des problèmes mineurs.

Ces propositions méritent d'être examinées attentivement. La prudence s'impose, mais elle ne doit pas servir de prétexte à une fin de non-recevoir. Il en va de l'intérêt de la population. Celle-ci, par ailleurs, n'est pas dupe. Si elle ne connaît pas tous les conflits, insatisfactions et petites rancunes opposant les professionnels qui interviennent dans ce débat, elle sent bien que l'intérêt du patient dont chacun se réclame n'est jamais complètement désintéressé.

Les ordres professionnels, qui ont pour mission de protéger le public, et même les syndicats, comme la Fédération des omnipraticiens, devraient faire attention. Pour l'instant, la grogne populaire vise surtout l'État. Toutefois, si les professionnels de la santé donnent l'impression de contribuer aux problèmes plutôt qu'aux solutions, ils ne seront pas épargnés.

Cela dit, il ne faut pas exagérer. Les changements demandés ne vont pas «diminuer la congestion du système de santé» comme le prétend l'Ordre des pharmaciens. Oui, on éviterait des consultations. Mais quelques patients en moins çà et là ne résorberont pas le trop-plein au sans rendez-vous et aux urgences. Les gains seraient plutôt individuels. Pouvoir recevoir, ajuster ou renouveler des ordonnances en pharmacie simplifierait la vie de bien des gens. Dans l'état actuel du système, ce n'est pas rien.  

L'ouverture du Collège des médecins sur les renouvellements et certains ajustements d'ordonnances est encourageante. Et ses réserves à voir des pharmaciens prescrire des médicaments sont compréhensibles. Une telle activité nécessiterait un cadre très strict pour éviter des effets indésirables. Cependant, il ne faut pas se conter des peurs.

Il se peut qu'un traitement des hémorroïdes retarde un diagnostic plus grave. Mais ça ne sera pas à cause de l'accès aux médicaments d'ordonnance. Les produits en vente libre engendrent déjà ce comportement d'évitement.

Et si un médecin, lorsque l'historique du malade est clair, peut prescrire un traitement contre une infection urinaire sans commander de test de labo, il peut difficilement soutenir qu'un pharmacien nuirait au patient en faisant la même chose.

Il faudra cependant voir combien les pharmaciens demanderont pour leurs services. En Alberta, où la pratique a été le plus élargie, et depuis le plus longtemps, aucune entente n'a encore été conclue avec le gouvernement. Ce qui explique en partie pourquoi seulement 116 pharmaciens, sur les 4000 de la province, se sont prévalus du pouvoir de prescription.

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