La mortalité par overdose a diminué de plus du tiers autour du centre d'injection supervisée vancouvérois InSite, révèle The Lancet. De quoi ébranler encore plus les objections du gouvernement Harper.

L'étude publiée dans la prestigieuse revue médicale donne des munitions aux défenseurs de tels centres, que certains voudraient d'ailleurs étendre au Québec.

Situé dans Downtown Eastside, le quartier le plus mal famé au pays, InSite a été le premier endroit sur le continent à permettre aux utilisateurs de drogues injectables (UDI) de s'administrer leur dose sous supervision médicale. Son ouverture, en 2003, visait à réduire divers méfaits associés à ce genre de consommation, des injections dans les lieux publics aux risques de transmission de diverses maladies en passant par les décès par overdose. Sur ce dernier point, l'expérience est concluante.

Le taux de mortalité par overdose a chuté de 35% dans un rayon de 500 mètres du centre, ont constaté les chercheurs en comparant les périodes précédant et suivant son ouverture. C'est presque quatre fois mieux que dans le reste de la ville. Souhaitons que la Cour suprême en tienne compte le 12 mai prochain.

Le gouvernement Harper, rappelons-le, refuse de renouveler l'exemption permettant à InSite de fonctionner légalement, sans risqué d'être accusé de trafic ou de possession de drogue en vertu des lois fédérales. La Colombie-Britannique, qui finance le centre, le considère comme partie intégrante de son système de santé, donc de compétence provinciale. Sa Cour d'appel lui a donné raison, mais le ministre fédéral de la Justice, Rob Nicholson, a décidé de contester cette interprétation en Cour suprême.

Au-delà des querelles de juridictions, ce sont deux visions de la santé qui s'affrontent ici. Pour le gouvernement conservateur, les seules interventions valables sont la prévention et la désintox. Mais plusieurs spécialistes de la santé publique considèrent qu'il faut aussi réduire les effets indésirables de la consommation de drogue, aussi bien chez les utilisateurs que pour la population en général.

Cette approche complémentaire est à notre avis indispensable. Car s'il ne faut négliger aucun effort pour prévenir la dépendance et aider ceux qui veulent s'en libérer, il faut aussi admettre que ces efforts ne suffisent pas. Ils ne règlent pas les problèmes de seringues souillées dans les lieux publics, de propagation des infections et de décès par overdose.

Les centres comme InSite ne règlent pas tout non plus, mais c'est un début. Ils ne préviennent pas les overdoses, mais en changent l'issue. Le personnel médical réussit à éviter le pire. InSite a été le théâtre de centaines d'overdoses, mais d'aucun décès. On ne peut pas en dire autant des ruelles de Downtown Eastside. Et si le sort des junkies vous indiffère, songez à tout l'argent ainsi économisé en transport ambulancier et en soins hospitaliers.

Souhaitons que le prochain gouvernement élu à Ottawa entende raison.

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