Aussi improbable soit-elle, la perspective d'une décote de la dette américaine suscite néanmoins de vives réactions. Avec la mise en garde de Standard & Poor's, il est désormais bien difficile d'ignorer l'état des finances publiques des États-Unis.

Aussi improbable soit-elle, la perspective d'une décote de la dette américaine suscite néanmoins de vives réactions. Avec la mise en garde de Standard & Poor's, il est désormais bien difficile d'ignorer l'état des finances publiques des États-Unis.

«La probabilité que nous réduisions la cote des États-Unis d'ici deux ans est d'au moins un sur trois», a indiqué la firme de notation lundi, après avoir révisé la perspective à long terme à la baisse, de stable à négative.

L'idée que la plus importante économie au monde puisse perdre sa précieuse cote AAA, qu'elle partage avec moins de 20 pays, a suscité une onde de choc. Car s'il est vrai que les États-Unis se sont longtemps mis la tête dans le sable avec leur dette, le reste du monde ne s'est pas fait prier pour regarder ailleurs. L'imposant derrière de l'autruche avait beau grossir à vue d'oeil, chacun faisait mine de ne pas le voir. Jusqu'à ce que S&P le montre du doigt.

Et encore, ce n'est pas tant la situation actuelle que dénonce l'agence que le risque d'immobilisme. Si Obama et les républicains ne réussissent pas à s'entendre assez vite, et qu'on n'entreprend rien d'ici 2013 pour remédier aux ballonnements des finances publiques, les États-Unis feront bien piètre figure parmi autres pays classés triple-A.

Le risque de décote d'un sur trois frappe l'imagination, mais il y a aussi deux chances sur trois qu'il ne se passe rien. On s'interroge sur les motifs de S&P. Voulait-elle de la pub gratuite comme McDonald's avec ses 50 000 emplois? Se refaire un nom dans l'industrie des détecteurs de fumée, après avoir si grossièrement ignoré le feu qui couvait chez Lehman Brothers et Bear Stearn?

Justifiée ou non, l'alarme a eu son petit effet. Obama et son secrétaire au Trésor tentent de se faire rassurants, insistant sur la volonté commune de réduire le déficit de 4 billions de dollars. La Chine, visiblement inquiète pour ses réserves de dollars, implore Washington de prendre des mesures responsables. Et les contrats à terme sur l'or, valeur refuge par excellence, ont atteint un nouveau record.

Toutefois, plusieurs analystes prennent la menace de S&P avec un grain de sel. Une décote ne ferait pas fuir les investisseurs en masse. L'économie américaine, même amochée, conserve un attrait indéniable.

L'agence de notation le reconnaît: à 11% du PIB, le déficit américain est déjà nettement plus important que celui de la plupart des pays cotés AAA. Alors quand elle justifie son risque de décote en disant que le bilan américain risque de devenir moins reluisant que celui des autres membres du club sélect, on a comme un doute.

Surtout en voyant l'insistance avec laquelle la firme vante, par ailleurs, l'économie américaine. Flexible. Hautement diversifiée. Sans oublier «les avantages uniques découlant de la place prééminente qu'occupe le dollar face aux autres devises».

L'autruche est un drôle d'oiseau, mais on aurait tort de le sous-estimer.

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