Si vous aimez le chocolat au lait et que vous en avez reçu à Pâques, profitez-en. Car ce ne sont pas les écoliers en quête de financement qui vous en proposeront. Le ministère de l'Éducation leur interdit de s'approcher de cet aliment dangereux.

Si vous aimez le chocolat au lait et que vous en avez reçu à Pâques, profitez-en. Car ce ne sont pas les écoliers en quête de financement qui vous en proposeront. Le ministère de l'Éducation leur interdit de s'approcher de cet aliment dangereux.

Lorsque Jean Charest a promis une politique-cadre en faveur d'une saine alimentation à l'école, en 2006, nous avions dénoncé son caractère non contraignant. Une politique n'a pas la force d'un règlement. Comment être certain que les écoles allaient s'y conformer? Cinq ans plus tard, force est d'admettre qu'on est tombé dans l'excès inverse.

C'est ainsi que les classiques tablettes de chocolat au lait ayant permis de financer des décennies d'activités parascolaires ont été mises à l'index. Trop de sucre, nous apprenait notre collègue Marie Allard samedi. «De manière générale, le chocolat composé de plus de 70% de cacao contient moins de sucre que le chocolat au lait ou le chocolat blanc», explique le ministère sur son site.

La politique, rappelons-le, visait d'abord à faire le ménage dans les cafétérias scolaires. On voulait éliminer les aliments à faible valeur nutritive, comme la friture, les boissons avec sucre ajouté et «les produits dont la liste des ingrédients débute par le terme sucre ou un équivalent». Mission accomplie? Impossible à dire. Québec n'a toujours pas rendu public son bilan réalisé... il y a deux ans, révèle notre collègue.

Ce qui n'a pas empêché le ministère d'étendre ses interdits aux événements spéciaux et aux campagnes de financement «afin de faire preuve de cohérence et de donner l'exemple». Une formulation vertueuse, mais totalement déconnectée de la réalité.

Si au moins le chocolat au lait avait été remplacé par du noir parce que les goûts ont changé. Mais non! Ça reste de loin le produit le plus populaire et sans lui, les écoles recueillent beaucoup moins d'argent, nous dit-on.

Plusieurs voudraient que les jeunes (et leurs parents) n'aient pas à solliciter ainsi leur entourage. C'est un autre débat, dans lequel nous n'entrerons pas ici. Pour l'instant, des équipes sportives et des sorties dépendent d'un tel financement. Soyons cohérents et laissons les écoles offrir des produits qui rapportent.

En interdisant le chocolat au lait, on ne nuit pas seulement aux collectes de fonds. On ment aux jeunes.

On essaie de leur faire croire qu'il n'y a aucune différence entre manger des sucreries tous les jours à la cafétéria et s'accorder une petite douceur à l'occasion. Que le chocolat au lait est tellement mauvais qu'il serait dangereux pour eux d'en vendre. Imaginez si des gens sveltes et en pleine forme leur en achetait ? Quel message contradictoire!

Sous prétexte de cohérence et d'exemplarité, le ministère de l'Éducation trahit sa mission fondamentale, qui est d'apprendre aux jeunes à faire des choix. Non pas en cultivant des peurs irrationnelles, mais en recherchant un équilibre entre plaisir, modération et diversité.

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