Les patients ne le remarqueront sans doute pas, mais une révolution se prépare chez les résidents en médecine. La garde de 24 heures, un incontournable de la formation, sera bientôt reléguée aux oubliettes. Au plus grand bénéfice de tous.

La relation de la profession médicale avec le changement est proprement fascinante. Si l'importance de se maintenir à la fine pointe en matière de soins fait consensus, l'organisation du travail, elle, est toujours difficile à remettre en question.

Alors qu'un résident en médecine dépose un grief contre l'obligation d'être de garde 24 heures de suite dans un hôpital, c'était déjà une petite fronde. Ça prenait aussi du courage pour venir témoigner, comme l'on fait des confrères, que vers 3 ou 4 heures du matin, les facultés commencent à être sérieusement affectées, au point d'oublier une prescription faite un peu plus tôt, d'éviter certaines procédures par crainte de les rater et, même, de ne pas vouloir examiner des patients à l'urgence. Les signes de faiblesse sont extraordinairement mal vus dans ce métier, surtout en formation.

L'impact de ces témoignages aurait pu être annulé par ceux, divergents, d'autres médecins qui n'ont pas souffert de cet horaire, ou l'estiment indispensable à leur formation. Heureusement, des chercheurs ont confirmé l'évidence: un quart de travail ininterrompu de 24 heures n'est pas optimal pour la concentration.

Plus sensible aux faits qu'aux traditions, l'arbitre a conclu que cet horaire est non seulement dangereux pour la santé des résidents, mais aussi pour celle des malades, qui risquent d'être victimes d'erreurs médicales. Même les usagers de la route ne sont pas en sécurité: 24 heures sans dormir entraînent un affaiblissement des facultés équivalent à un taux d'alcool de 0,1 - donc supérieur au 0,08 réglementaire.

Québec, pour une fois, a dit oui rapidement et demande à tous les centres hospitaliers universitaires de passer les gardes à 16 heures. Même celui de McGill, qui a contesté la décision de l'arbitre, se dit d'accord avec le changement. Il veut seulement plus de temps pour l'appliquer - 12 mois au lieu des 6 accordés par l'arbitre.

Nous ne croyons pas, comme certains l'ont prétendu, que cet horaire soit impossible à intégrer. Mais il est certain que dans certaines spécialités, l'adaptation demandera plus d'efforts et d'imagination. Douze mois pour tout réorganiser? C'est un délai plus qu'honorable dans notre système de santé.

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