Elles constituent la moitié de la population et le temps joue en leur faveur. Qu'elles soient immigrantes, âgées ou appartenant à une minorité visible, les femmes prennent de plus en plus leur place au Canada, montre une nouvelle série de rapports publiés hier par Statistique Canada.

À force d'entendre répéter que les femmes gagnent moins que les hommes et qu'elles sont plus nombreuses à vieillir seules et pauvres, on finit par croire que leur situation a cessé de s'améliorer quelque part dans les années 70. C'est pourtant tout le contraire.

En 2008, les femmes de 65 ans ou plus étaient encore deux fois plus nombreuses que les hommes à devoir joindre les deux bouts avec un faible revenu. Mais seulement 7,6% d'entre elles se trouvaient dans cette situation, contre 33% environ à la fin des années 70. Un heureux effet de leur participation accrue au marché du travail, puisque 54% des revenus des aînées proviennent désormais de revenus de retraite, contre seulement 15% en 1976.

Les femmes ayant presque cinq ans d'espérance de vie de plus que les hommes, on ne s'étonnera pas que les aînées vivent plus fréquemment seules. Est-ce pour cette raison qu'elles y trouvent davantage leur bonheur que les hommes? Quoi qu'il en soit, on est heureux de voir que si les aînées vivant seules déclarent moins de famille et d'amis proches que les femmes en couple, elles ont, par contre, plus de contacts quotidiens avec eux.

Le visage des Canadiennes n'a pas fini de changer. Une sur cinq est désormais immigrante, du jamais vu depuis le début des années 30. Plus d'une femme sur deux (51,3%) à Toronto et près d'une femme sur trois (30,5%) à Montréal est née à l'étranger!

Par ailleurs, la présence des minorités visibles (nées ici ou à l'étranger) au sein de la population féminine a triplé depuis 30 ans - une Canadienne sur six en fait désormais partie. Et elles ont l'avenir devant elles.

Chez les 25-54 ans, 35% détiennent un diplôme universitaire, contre seulement 23% des femmes non issues de minorités visibles. Malheureusement, ce n'est pas encore assez pour faire disparaître les écarts salariaux. Dans ce groupe d'âge, les femmes de minorités visibles travaillant à temps plein touchaient un revenu d'emploi médian inférieur de 4000$ aux autres en 2005.

En regardant les chiffres de plus près, on s'aperçoit toutefois que cette inégalité-là aussi s'estompe avec le temps. Car si l'écart est de 5900$ pour les femmes de minorités visibles nées à l'étranger, il n'est plus que de 500$ pour celles nées ici d'un ou deux parents étrangers. À partir de la «troisième génération», née ici de deux parents nés au Canada, l'écart grimpe à 2200$... en faveur des femmes de minorités visibles! Évidemment, il y a des différences selon les origines, mais cet effet sur une période relativement courte montre que l'intégration est encore possible ici.

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