Le pire a été évité de justesse hier à Washington, alors que la Chambre des représentants a finalement approuvé le plan destiné à relever le plafond de la dette américaine, écartant le risque de défaut de paiement qui planait depuis des semaines.

Les élus américains auront réussi à nous tenir en haleine jusqu'à la dernière minute avec ce qui aurait dû être une simple formalité. On est sidéré par tout le temps et l'énergie gaspillés dans cette crise fabriquée de toutes pièces par les républicains radicaux. Et par l'attitude de ceux d'entre eux qui, malgré les gains réalisés par le Tea Party, ont souligné jusqu'à la dernière minute à quel point ce plan était insatisfaisant à leurs yeux - une pose dont, on espère, les électeurs finiront par se lasser. Leur insatisfaction, à ce point, n'avait de toute façon plus rien d'original, partagée qu'elle était par de nombreux démocrates - pour des motifs diamétralement opposés, évidemment. S'il est vrai qu'on reconnaît une bonne entente à ce qu'elle déplaît à tous, alors celle-ci doit être excellente.

Celle-ci, malheureusement, n'a pas tellement d'autres qualités que d'avoir été suffisamment acceptable pour éviter le pire.

Ce plan éviscéré de ses hausses d'impôt n'amènera aucun revenu supplémentaire au Trésor américain, un obstacle majeur au redressement des finances publiques. Son programme de réductions n'est d'ailleurs pas suffisant pour écarter le spectre d'une décote par les agences de notation.

Et si cette entente a permis une sortie de crise, c'est en ouvrant la porte sur une autre impasse, dans laquelle le comité bipartite chargé de trouver 1800 milliards de dollars de compressions a de bonnes chances d'aboutir à la fin novembre. Il serait en effet étonnant que la menace de coupes automatiques dans les budgets de la défense et des programmes sociaux suffise à raisonner les troupes alors que celle, beaucoup plus grave, d'un défaut de paiement a été prise à la légère jusqu'à la dernière minute. Si le président Obama s'est lui aussi évité le pire, le supplice de la dette est cependant loin d'être terminé.

Les plus grands perdants dans cette histoire sont les Américains, qui ont plus que jamais besoin de leaders capables de ramener le pays sur le chemin de la croissance. Au lieu de ça, on les promène depuis des semaines dans un labyrinthe de sables mouvants dans lesquels ils ont bien failli être aspirés.

Cet épisode lamentable a distrait les élus de la seule chose qui devrait les obséder - la stagnation de l'économie américaine. On a vu les résultats consternants du PIB vendredi dernier, et l'indice d'activité manufacturière anémique hier. Le taux de chômage attendu ce vendredi ne devrait pas donner davantage de raisons d'être optimiste. Bref, il est temps d'arrêter de théâtraliser l'économie, et de s'occuper de l'économie réelle.

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