Les marchés boursiers, aussi excessifs soient-ils, ont tout de même fait oeuvre utile la semaine dernière, en rappelant aux élus qu'ils n'en ont pas fini avec l'économie.

Le ministre fédéral des Finances en a sans doute surpris plusieurs samedi, en ouvrant la porte à de nouvelles mesures de stimulation. Seulement si l'économie se contracte de nouveau et qu'on en arrive à «cet oxymore qu'est la croissance négative», a précisé Jim Flaherty à la radio de CBC. N'empêche, son attitude contraste heureusement avec la rigidité idéologique dont il avait fait preuve durant les premiers mois de la crise. On se souvient avec quel entêtement le ministre et son gouvernement avaient nié, d'abord l'imminence d'une récession, puis la nécessité d'un plan de relance économique - plan dont il n'a cependant pas hésité à s'attribuer le mérite par la suite...

Ce gouvernement a beaucoup mieux réagi dans la tourmente de la semaine dernière. Rappeler la bonne tenue du Canada, sans nier la gravité de la situation mondiale et ses répercussions possibles ici, était la chose à faire dans les circonstances. Rien ne justifie, pour l'instant, de dévier du chemin de retour à l'équilibre budgétaire, mais il faut le suivre en restant attentif à ce qui se passe autour, et non avec des oeillères.

Tout le monde n'a pas tant de marge de manoeuvre. À la Maison-Blanche, on est rendu à se demander si, à défaut de pouvoir faire adopter des mesures pour stimuler l'économie, le président Obama ne devrait pas au moins en faire la promotion, a rapporté le New York Times samedi. Serait-ce suffisant? La confiance est à son plus bas niveau depuis plus de 30 ans, montre l'indice de l'Université du Michigan pour le mois d'août. Le chiffre publié vendredi est préliminaire, mais dans un pays où la consommation représente presque 70% de l'activité économique, il est inquiétant. On se demande ce que le président pourra trouver à dire d'inspirant dans cette tournée du Midwest qu'il entame aujourd'hui.

Comme bien des chefs d'État, il doit composer avec une ardoise qui était déjà bien remplie avant son arrivée. On l'oublie un peu vite, mais si les plans de relance des dernières années ont amené les dettes nationales à des niveaux insoutenables, c'est que la plupart étaient déjà à un seuil critique avant 2008. Au lieu de profiter de la longue période de prospérité qui a précédé pour assainir les finances publiques, trop de politiciens ont choisi la voie de la facilité, encouragés il est vrai par un électorat capricieux et intolérant aux réalités économiques.

Les plus chanceux de ces élus ont tiré leur révérence à temps, d'autres se sont fait montrer la porte ou ne tarderont pas à subir ce sort. Aurait-on plus de chances d'éviter de tels bourbiers à l'avenir si tous les responsables avaient à en payer le prix? Les contribuables, en tout cas, sont toujours là. Ce sont eux qui, au final, devront acquitter la note. Non pas, comme les élus, au prix symbolique de leur réputation, mais à la sueur de leur front. Cela suffira-t-il à retenir la leçon?

akrol@lapresse.ca

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