Refuser de s'imposer un échéancier pour réduire l'attente aux urgences n'empêche pas le ministre de la Santé de s'y intéresser activement. Yves Bolduc réussira-t-il à renverser la tendance à Montréal, dont il vient de faire sa priorité?

Refuser de s'imposer un échéancier pour réduire l'attente aux urgences n'empêche pas le ministre de la Santé de s'y intéresser activement. Yves Bolduc réussira-t-il à renverser la tendance à Montréal, dont il vient de faire sa priorité?

Tous ses prédécesseurs s'y sont cassé les dents. Les urgences de nombreux hôpitaux de l'île et de la grande région de Montréal débordent de civières sur lesquelles des patients sont couchés depuis plus de 24 heures, et même de 48 heures. Une situation inacceptable que personnel et malades endurent néanmoins depuis des années tant elle semble sans issue.

Le ministre avait choqué bien du monde en déclarant, en janvier 2009, qu'il ne ferait pas de promesse quant à la disparition des «48 heures». Allait-on renoncer à améliorer le service aux urgences? Le Dr Bolduc a plutôt décidé de s'y attaquer de manière très... personnelle. Il intervient directement auprès des gestionnaires d'hôpitaux et d'agences régionales pour qu'ils posent les gestes qui, selon sa lecture, aideront à désengorger les urgences problématiques.

On peut dire que c'est de la micro-gestion. Ou s'indigner qu'il faille un ministre pour faire bouger les choses dans ce milieu qui ne manque pourtant pas de chefs. Mais avons-nous d'autre choix que de laisser sa chance au coureur? Si ce ministre-là réussit, il sera toujours temps de trouver comment les responsables du réseau pourraient faire la même chose par eux-mêmes.

Selon les chiffres du ministère, il y a du progrès dans certaines régions qui ont fait l'objet d'une intervention. Dans Lanaudière, dans la plupart des établissements de la Montérégie ainsi qu'à l'hôpital Saint-Eustache, dans les Laurentides, le nombre de «24h» et de «48h» a récemment diminué par rapport à l'an dernier (moyenne des cinq semaines se terminant le 12 août).

Il faudra voir si ça tient la route. Si, par exemple, la priorité donnée aux urgences n'oblige pas les hôpitaux à reporter un trop grand nombre de chirurgies.

À Montréal, une grosse partie du problème vient des lits bloqués par des patients âgés en attente d'une place en hébergement ou en réadaptation. Pour libérer ces lits, et pouvoir y monter des malades des urgences, Yves Bolduc mise notamment sur la création de «ressources intermédiaires», moins coûteuses et plus appropriées à beaucoup de patients qu'un CHSLD. Plusieurs de ces places devraient être disponibles dans les 12 prochains mois, mais il faudra plusieurs années avant d'en avoir suffisamment.

L'attente de 48 heures sur civière n'est donc pas près de disparaître à Montréal, encore moins celle de 24 heures. Même si on réussit à améliorer les choses, il n'en faudra pas beaucoup (une vague de grippe ou de gastroentérite, l'éclosion d'une bactérie résistante) pour que les urgences soient de nouveau débordées. Faudrait-il se résigner? Surtout pas. La situation actuelle n'est pas une fatalité, mais le résultat de choix concrets qu'il est grand temps de remettre en question.

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