De plus en plus de femmes ont des enfants après l'âge de 35 et même 40 ans. Des grossesses qui présentent des risques particuliers dont les mères, et le système de santé, doivent tenir compte.

Près d'un bébé canadien sur cinq (17,9%) naît d'une mère âgée de 35 ans ou plus. La tendance, moins prononcée au Québec (15,2%), est par contre très marquée dans les grandes villes. Elle concerne environ une grossesse sur trois à Vancouver (35,1%) et Toronto (31,5%), et près d'une sur quatre (23,4%) à Montréal.

Même les chercheurs de l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS) ont été surpris de l'ampleur du phénomène. Couvrant trois ans de naissances, leur étude publiée la semaine dernière montre bien les implications des grossesses tardives.

Une femme enceinte à 35 ans ou plus, c'est, pour la médecine, une grossesse à risque. Pas seulement pour le foetus, mais aussi pour la mère. Le diabète gestationnel, qui peut entraîner de l'hypertension artérielle, touche 1 femme sur 24 chez les 20-34 ans. La fréquence double entre 35 et 39 ans, et triple à partir de 40 ans. Le placenta praevia (qui se développe dans la partie inférieure de l'utérus et peut causer des complications à l'accouchement) est aussi plus fréquent: 1 mère sur 97 entre 35 et 39 ans, et 1 sur 65 à partir de 40 ans, contre seulement 1 sur 208 de 20 à 34 ans.

Outre le risque accru de trisomie, les bébés de mères plus âgées sont plus sujets aux malformations cardiaques et rénales. Ils sont plus souvent prématurés, et petits pour leur âge gestationnel. Et l'accouchement est plus susceptible de se faire par césarienne, ou d'avoir des complications.

Cela dit, la tendance n'est pas près de s'inverser. «D'importants incitatifs économiques poussent les jeunes d'aujourd'hui à retarder la fondation de leur famille», note le rapport en citant les études et la carrière des femmes, ainsi que le désir de stabilité financière. Il y a plus. Si avoir des enfants demeure une priorité pour bien des gens, elle est rarement la première, du moins pas en ordre chronologique. D'abord, il faut vivre. Voyager, atteindre une certaine maîtrise dans son travail, ne pas avoir trop d'entraves...

Dans un monde idéal, la biologie s'ajusterait automatiquement, mais l'adaptation est souvent une affaire de millénaires. En attendant que la maternité soit aussi facile à 40 ans qu'à 20 ans, c'est nous qui devrons nous adapter. C'est-à-dire nous donner les moyens de bien suivre ces grossesses. Ce qui signifie régler le problème actuel de manque de ressources en obstétrique, qui empêche bien des femmes, quel que soit leur âge, d'obtenir un suivi rapidement.

On ne peut pas encourager une hausse de la natalité sans prendre les moyens pour y faire face. D'autant que la couverture publique des traitements de fertilité, qui peuvent pallier la baisse de fécondité liée à l'âge, risque de faire augmenter le nombre de grossesses de fin de trentaine et début de quarantaine.

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