Les audiences sur le plan d'aménagement de la grande région de Montréal n'ont pas encore commencé que déjà, on réclame plus de construction résidentielle en zone verte. Va-t-on un jour comprendre que les terres agricoles ne sont pas des terrains vagues en attente d'être bétonnés et asphaltés?

L'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec (APCHQ) a parlé la première, mais elle ne sera sûrement pas la seule à aborder le sujet aux consultations publiques qui débutent la semaine prochaine. L'idée d'interdire tout nouveau développement résidentiel en zone verte durant les cinq prochaines années doit contrarier bien des municipalités. Elle est pourtant incontournable.

L'un des principaux objectifs du Plan métropolitain d'aménagement et de développement, sur lequel portent les consultations, est de favoriser la densification, notamment autour du transport en commun. Ce qui se fera moins rapidement si municipalités et promoteurs peuvent continuer à lorgner du côté des terres agricoles, comme ils le font depuis des décennies. Évidemment, le dézonage n'est pas automatique, mais la Commission de la protection du territoire agricole en a tout de même autorisé près de 600 hectares sur le territoire de la CMM depuis 2002.

Non seulement le gel proposé n'est que de cinq ans, mais il pourra faire l'objet d'exceptions pour répondre à certains besoins. Et pendant ce temps, le développement pourra continuer en zone blanche. Mais pour l'association des constructeurs d'habitations, c'est loin d'être suffisant. L'APCHQ a même une vision très noire du Plan. L'horizon de 20 ans, elle le voit bouché. Selon elle, la majorité des 82 municipalités de la CMM auront épuisé leurs terrains à bâtir, certaines MRC frisant déjà la pénurie.

Et si les inquiétudes des promoteurs immobiliers vous laissent de glace, pensez aux jeunes familles... «Les maisons unifamiliales ne seraient dorénavant réservées qu'aux plus nantis de la société», note l'APCHQ, en prédisant un étalement encore plus grand puisque les ménages se tourneront à l'extérieur de la CMM.

Le raisonnement est habile, mais faussé à la base. On continue à tenir les terres agricoles comme un moyen légitime d'élargir les banlieues traditionnelles.

Oui, l'unifamiliale est le modèle préféré des jeunes familles depuis des décennies. Mais en acquérir une dans la municipalité de son choix n'est pas un droit fondamental. Quand son premier choix n'est pas disponible, on trouve autre chose. C'est ce que font la plupart des acheteurs de la région depuis près de 10 ans, et personne ne pleure sur leur sort. Des gens prêts à s'éloigner, il y en aura toujours. Le défi des banlieues de la CMM sera de retenir les autres avec les habitations différentes qu'elles auront à offrir.

Une terre agricole, même en friche, peut toujours être cultivée. Une fois qu'on y a coulé des fondations et qu'on l'a tapissée de bitume, par contre, c'est trop tard.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion