Trop souvent, le ministère des Transports débarque dans la métropole comme dans un champ, avec l'intention d'y implanter un gros projet clé en main, ficelé derrière des portes closes à Québec.

Trop souvent, le ministère des Transports débarque dans la métropole comme dans un champ, avec l'intention d'y implanter un gros projet clé en main, ficelé derrière des portes closes à Québec.

Il a tenté la chose une fois de plus avec la reconstruction de l'échangeur Turcot. Mais cette fois, il a été stoppé net par le BAPE, qui l'a renvoyé à sa table à dessin, afin qu'il repense le projet avec la Ville et ses partenaires - non pas contre elle.

Le ministère des Transports a-t-il entendu la critique? Si c'est le cas, il ne le laisse pas paraître.

Lors des rencontres que tiennent les fonctionnaires avec différents acteurs depuis quelques semaines, ils refusent de leur remettre quelque document que ce soit. Et ils n'ont pas tôt fait d'examiner une nouvelle mouture du projet déposée par la Ville, qu'ils se dédouanent à l'avance d'un éventuel refus.

«Il est un peu tard, il est minuit moins cinq, a lancé la ministre Julie Boulet, lundi. On n'a pas nécessairement le temps de tout recommencer à zéro.»

Comment la ministre peut-elle se permettre de tels propos après avoir essuyé la rebuffade du BAPE, qui lui demandait d'apporter «des modifications substantielles» à son projet «dans une approche de partenariat avec les collectivités concernées»?

Le maire de Montréal ne doit pas se faire complice de cette attitude, comme ce fut le cas en début de semaine, alors qu'il disait attendre la réaction du Ministère à son projet avant de le rendre public.

En agissant de la sorte, il aurait accordé au MTQ un droit de veto sur un projet urbanistique majeur pour la métropole. Alors qu'en dévoilant son projet, comme il entend le faire cet après-midi, il s'assure d'un certain rapport de force, en plus d'un nécessaire appui populaire.

Bien qu'il soit urgent de bouger, on ne peut faire aveuglement confiance au MTQ, qui a prouvé à maintes reprises à quel point il pouvait être déconnecté de son époque, travaillant en vase clos, proposant des projets sortis tout droit des années 60, refusant toute idée un brin audacieuse.

Pensons à la façon avec laquelle le MTQ a piloté le projet Notre-Dame, où il voyait l'occasion de creuser une seconde autoroute Décarie sur l'île, ou à la première version du projet Turcot, qui ne contenait pour toutes mesures de transport collectif qu'une voie d'accotement pouvant éventuellement être transformé en voie réservée...

Le BAPE a d'ailleurs souligné la grande insatisfaction que ressentent les Montréalais à l'endroit du Ministère, qui refuse de voir en Turcot une occasion de mettre en pratique tous les beaux discours verts contenus dans les plans, politiques et objectifs adoptés à la pelle par le gouvernement.

Si l'équipe de Louise Harel applaudit déjà la version remaniée du projet, qu'elle a pu consulter, c'est que le maire Tremblay a manifestement un as dans son jeu. D'où l'importance d'abattre rapidement ses cartes.

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