On aurait tellement voulu y croire... Un échangeur compact et design en lieu et place du spaghetti de béton Turcot. Des routes faisant la part belle au transport en commun. De magnifiques places publiques surplombées de viaducs métalliques passant inaperçus. Un nouveau quartier vert doublé d'un immense parc linéaire. Et un tramway qui relie le tout au centre-ville.

On aurait tellement voulu y croire... Un échangeur compact et design en lieu et place du spaghetti de béton Turcot. Des routes faisant la part belle au transport en commun. De magnifiques places publiques surplombées de viaducs métalliques passant inaperçus. Un nouveau quartier vert doublé d'un immense parc linéaire. Et un tramway qui relie le tout au centre-ville.

Le projet concocté par Montréal semblait trop beau pour y croire et malheureusement, le maire a été incapable de nous convaincre du contraire.

Quiconque a écouté M. Tremblay en entrevue l'a constaté: il s'embourbe, esquive, manque de précision. On lui demande s'il est trop tard pour changer de cap, il évoque les problèmes d'inondation de l'échangeur l'Acadie. On veut savoir combien coûte le projet, il répond que la congestion se chiffre à 1 milliard de dollars. On lui demande des précisions sur la capacité routière, il parle d'Albany.

Bref, il a ouvert la porte au ministère des Transports pour qu'il démolisse ses visées... ce qu'il a d'ailleurs fait sans ménagement hier.

Entendons-nous: nous sommes favorables à tout projet visionnaire qui a pour but le déplacement d'individus, pas seulement d'autos. Nous estimons que les plans du MTQ sont dépassés et qu'ils doivent être modifiés en profondeur.

Une fois cela dit, que fait-on? On repart à zéro, ou on améliore?

La Ville a opté pour la première option, proposant quelque chose de radicalement différent. Soit. Il n'est jamais trop tard pour un meilleur projet, quoi qu'en dise Québec, surtout si celui-ci a la faveur de tous les partis municipaux, des écolos, des riverains et des autorités de santé publique.

Mais encore faut-il être capable de convaincre que les plans, scénarios et coûts sont solides, crédibles et donc, incontournables. Or nul plan, scénario ou coût n'a été déposé, que des dessins informatiques qui ne prouvent rien.

Dans le fond, la Ville a agi comme un groupe communautaire qui débarque au beau milieu d'une réunion avec un dessin esquissé sur un napperon, exigeant qu'on lui fasse aveuglément confiance. Or plus un projet est visionnaire, plus il bouscule, plus il doit être étayé et détaillé.

La seconde option est la bonification du projet du MTQ, une voie moins tape-à-l'oeil, qui demande une certaine résignation, mais qui, dans un contexte aussi avancé et miné, apparaît hélas plus prometteuse.

À la suite de l'enterrement du projet montréalais, célébré à Québec sans fleurs ni couronnes hier, la Ville aurait donc intérêt à cesser de s'entêter et à tenter d'améliorer ce qui est sur la table  : proposer de hausser certains tronçons de l'échangeur, y ajouter des voies réservées et un tramway, rehausser la qualité du design, etc.

En choisissant au contraire de pousser son projet bâclé jusqu'au cabinet du premier ministre, l'administration risque d'aider Québec à lui imposer un échangeur en tout point contraire au sien.

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