Lindsey Graham. Retenez bien ce nom, car cet homme a plus de pouvoir que Stephen Harper sur les politiques environnementales du Canada.

Lindsey Graham. Retenez bien ce nom, car cet homme a plus de pouvoir que Stephen Harper sur les politiques environnementales du Canada.

Lindsey Graham, pourtant, est Américain. Il siège au Congrès, où il représente la Caroline-du-Sud à titre de sénateur républicain. Et il vient de décider que le Canada attendra avant d'agir pour le climat.

Pour bien comprendre la chose, il faut se rendre en Arizona, où une loi controversée a été promulguée vendredi dernier. Les policiers ont désormais le devoir de vérifier la légalité de tout citoyen qu'ils soupçonnent être un immigrant clandestin.

En plus de faire grand bruit en raison de ses relents xénophobes, l'affaire a plongé les deux grands partis dans un important bras de fer.

Les démocrates se sont portés au secours des latinos d'Arizona avec d'autant plus d'empressement que les élections de mi-mandat s'annoncent difficiles en novembre. Ils ont promis de réformer rapidement les règles fédérales sur l'immigration.

Les républicains sont montés au créneau pour défendre la gouverneure de l'Arizona et empêcher les démocrates d'agir. Ils ont envoyé au front un des leurs... le fameux Lindsey Graham.

Dans un scénario qu'affectionnerait Machiavel, le sénateur de la Caroline-du-Sud a réagi à la volonté démocrate de réviser les lois sur l'immigration en désavouant le projet de loi bipartite sur le climat et l'énergie dont il était l'un des trois auteurs.

Or ledit texte de loi, sur lequel travaillent Lindsey Graham, John Kerry et Joe Lieberman depuis plus de six mois, est la pièce maîtresse de la lutte contre les changements climatiques aux États-Unis.

Son dévoilement, prévu lundi dernier, a été reporté indéfiniment. On ne connaît donc pas sa teneur exacte, sinon qu'il prévoit une Bourse du carbone aux États-Unis et une panoplie de mesures permettant une réduction des gaz à effet de serre de 17% d'ici 2020.

Pourquoi est-ce si important pour nous? Parce que les mesures prises ici doivent d'abord être adoptées là-bas...

Le gouvernement Harper a en effet décidé que c'est à Washington que l'on élaborera le cadre réglementaire canadien en matière climatique. «Si les États-Unis n'agissent pas, le Canada ne le fera pas non plus», a réitéré le ministre Jim Prentice, il y a peu.

On comprend mieux l'importance de Lindsey Graham, qui a droit de vie ou de mort sur les mesures du Canada, et ce, contre toute logique. Bien que les deux économies soient interreliées, elles peuvent - et doivent - agir sans attendre leur voisin, tout en protégeant les secteurs vulnérables si elles le souhaitent.

Mais il est plus facile de se croiser les bras, en prétextant que l'un ne peut avancer sans l'autre. Après avoir utilisé le laxisme de George W. Bush pour justifier le leur, les conservateurs continuent ainsi à se cacher derrière Washington pour éviter de répondre de leurs responsabilités.

Les mécontents peuvent toujours s'adresser à Lindsey Graham.

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