Initialement, les nouvelles voitures du métro de Montréal devaient quitter l'usine d'assemblage dès cette année. Puis l'échéance a été repoussée au gré des bévues du gouvernement, si bien qu'on ne les prévoit plus avant 2014. Au mieux.

Initialement, les nouvelles voitures du métro de Montréal devaient quitter l'usine d'assemblage dès cette année. Puis l'échéance a été repoussée au gré des bévues du gouvernement, si bien qu'on ne les prévoit plus avant 2014. Au mieux.

Comme bien d'autres dossiers à Montréal, la saga du métro s'étire en longueur de façon éhontée, au point de devenir un symbole de plus, avec le CHUM et Turcot, de notre incapacité de mener à terme tout projet d'envergure.

Mais il y a plus grave avec le renouvellement du métro: il ne semble plus y avoir aucune chance que le dossier se règle rondement.

En effet, peu importe ce que décide la Société de transport à présent, les choses continueront de traîner en longueur. Ou bien elle se lance dans un vaste appel d'offres international, ce qui repoussera encore l'échéance, ou bien elle invoque l'urgence et tente une fois de plus d'accorder le contrat de gré à gré au duo Bombardier-Alstom, ce qui ouvre la porte à d'inévitables procédures judiciaires.

La STM, qui a pris connaissance mercredi de l'évaluation indépendante de la proposition du fabricant espagnol Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles (CAF), devra garder cela en tête avant de prendre une décision finale.

En effet, que le constructeur remplisse ou non les conditions imposées, une chose semble certaine: il n'acceptera tout simplement pas d'être écarté aussi facilement.

Le sérieux avec lequel CAF pilote sa proposition, les visites qu'il a menées aux usines de Bromont et de Montréal, l'argent qu'il a investi dans ce dossier, ses sorties médiatiques ainsi que ses réalisations à Mexico et à Santiago montrent qu'il n'est pas un joueur à prendre à la légère.

En outre, le constructeur ne passera pas à côté de l'occasion d'affronter son concurrent québécois devant les tribunaux. Il faut savoir que Bombardier vient tout juste de traîner CAF en cour au Mexique parce que ce dernier a... obtenu le contrat de fabrication de voitures de métro sans appel d'offres!

Dans un tel contexte, bien difficile pour la STM de lever le nez sur la proposition espagnole avec autant de désinvolture qu'elle l'a fait avec celle de Zhuzhou.

Et pourtant, la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, exhorte la Société de transport à accorder le contrat «sans délai» au consortium. «On semble vouloir invoquer un droit des entreprises à soumissionner, mais qu'en est-il du droit au travail, aux emplois dans les régions?» demande-t-elle.

Oui à Bombardier à l'étranger, en somme, mais qu'il ne vienne pas à l'idée de ses concurrents de s'aventurer en sol québécois, par contre... Du protectionnisme pur jus, qui risque de donner encore plus de travail aux avocats qu'aux travailleurs de La Pocatière.

En fait, il n'y a plus qu'une seule façon de refermer la boîte de Pandore ouverte par le gouvernement il y a quatre ans: lancer un appel d'offres international, une fois pour toutes.

Agir autrement reviendrait à avouer qu'aucune leçon n'a été tirée de cette pathétique histoire.

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