Difficile d'imaginer la ministre Julie Boulet assise devant son ordinateur, prenant le temps d'ajouter un billet pro-vélo sur son blogue... Et pourtant, c'est ce qu'a fait son homologue américain, le secrétaire aux Transports Ray LaHood, il y a quelques semaines.

Du coup, il confirmait le virage salutaire qu'entreprend actuellement l'Amérique du Nord en matière de mobilité des personnes.

«J'annonce aujourd'hui une vague de changements, a écrit LaHood. Les gens qui ont un intérêt pour le vélo partout en Amérique méritent d'être entendus. Nous mettons fin au privilège accordé au transport motorisé aux dépens du transport actif.»

 

On ne parle plus d'évolution, mais bien de révolution au sud de la frontière! En témoignent les mesures envisagées dans de nombreuses villes, tout particulièrement New York et Detroit, deux endroits on ne peut moins accueillants pour les cyclistes. La première vise l'implantation de plus de 300 km de pistes cyclables en 3 ans, la seconde se fixe un objectif à plus long terme de 600 km.

Soyons réalistes, la bicyclette ne supplantera pas l'auto de sitôt aux États-Unis, mais la seule intention d'en faire un moyen de transport à part entière, exprimée aux plus hauts échelons de l'administration, mérite d'être saluée.

Au Québec, où le vélo a trop longtemps été perçu comme un loisir de fin de semaine, l'attitude à son égard est aussi en pleine mutation.

On le voit au sein du gouvernement qui, après s'être fait tirer l'oreille pendant des années, a adopté il y a deux ans le programme d'aide aux modes de transport alternatifs, doté d'une enveloppe de 11 millions de dollars.

On le voit aussi - et surtout - à Montréal, où la Ville s'est lancée depuis quelque temps dans une vaste opération rattrapage. Depuis 2005, la métropole a ainsi vu son réseau cyclable croître de 130 km et profiter de l'installation de 6000 supports à vélo, dont 1700 sur la voie publique.

À cela, il faut bien évidemment ajouter le Bixi ainsi que l'annonce faite la semaine dernière par l'administration Tremblay, qui compte ajouter cette année 50 km de nouvelles voies cyclables, afin que le réseau atteigne les 550 km avant l'hiver. Un geste louable dans un contexte économique aussi difficile.

Cela dit, rien n'est parfait. À Québec, le projet de loi sur la sécurité routière déposé en début d'année se contentait de proposer l'imposition du casque aux moins de 12 ans, alors qu'il y a tant à faire pour accroître la sécurité des cyclistes. Comme si l'État demandait aux amateurs de vélo de se protéger eux-mêmes, car il est incapable de le faire.

À Montréal, on attend toujours les mesures permettant d'améliorer l'intermodalité, comme les supports à bicyclettes sur les taxis et les autobus, l'extension des heures d'accès au métro à vélo et l'allègement des conditions permettant aux usagers des transports collectifs de profiter du Bixi à moindre coût.

Il est vrai, au moment où les villes du continent s'éveillent au vélo, que la métropole fait figure d'élève modèle sur le continent. Mais pour combien de temps encore ? La question est posée. Car la concurrence, on le voit bien, sera de plus en plus forte.

Pour lire le blogue du secrétaire aux Transports: fastlane.dot.gov

 

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