Il y a maintenant un mois que le puits du Deepwater Horizon vomit son pétrole dans le Golfe du Mexique. Du brut qui continue de gicler à un rythme infernal, souillant à ce jour une centaine de kilomètres du littoral louisianais. Mais aucune solution finale n'a encore été trouvée, malgré l'imminence de la saison des ouragans.

Il y a maintenant un mois que le puits du Deepwater Horizon vomit son pétrole dans le Golfe du Mexique. Du brut qui continue de gicler à un rythme infernal, souillant à ce jour une centaine de kilomètres du littoral louisianais. Mais aucune solution finale n'a encore été trouvée, malgré l'imminence de la saison des ouragans.

Après les échecs des solutions nos 1, 2, 3 et 4, BP tentera à nouveau de circonscrire le problème, aujourd'hui, en ayant recours à la solution no 5: le top kill. On essaiera d'étouffer la fuite par le haut en injectant 200 000 litres de boue, que l'on scellera avec du ciment.

Le taux de réussite avoisinerait les 70%, selon les «experts» de BP, mais on peut franchement en douter. D'abord parce qu'une telle opération n'a jamais été tentée à 1600 mètres de profondeur, ensuite parce que les précédents sont rares et peu concluants.

Le cas de la compagnie Pemex, très similaire à celui qui nous occupe, est intéressant. Frappée par l'explosion d'un de ses puits de pétrole en 1979, en plein Golfe du Mexique, la pétrolière avait alors injecté du ciment sur la brèche, pendant des mois, sans succès. Même le forage de puits annexes n'avait pas réussi à contenir la fuite avant des mois.

Entre l'explosion et l'obturation, 297 jours (et 477 millions de litres de brut) s'étaient écoulés. Et on parle ici d'un puits situé à... 50 mètres de profondeur.

Trente ans plus tard, la technologie a beaucoup évolué, ou du moins, une certaine partie de celle-ci. Car on peut aujourd'hui forer à 1,6 km sous l'eau, mais on ne sait toujours pas comment réparer une brèche à une telle profondeur.

Preuve éclatante de ce paradoxe: le «Plan de réponse à une fuite dans le Golfe du Mexique», élaboré l'an dernier par BP, contenait un plan de gestion de crise médiatique serré, mais pas une ligne, sur plus de 580 pages, sur l'explosion de la fameuse valve de sécurité...

Dans un tel contexte, comment justifier qu'une entreprise aussi irresponsable soit toujours aux commandes de l'opération en cours ? Comment savoir si BP ne priorisera pas la gestion de son image, qu'elle ne rognera pas sur la qualité du ciment, qu'elle ne tentera pas de récupérer le plus de pétrole possible avant de boucher le trou?

N'oublions pas qu'il s'agit du même BP reconnu coupable de nombreuses infractions pour fraude, collusion et manquement aux lois environnementales ces dernières années. On lui a notamment reproché, après l'explosion d'une raffinerie au Texas qui a fait 15 morts en 2005, de graves lacunes en matière d'organisation et de sécurité «à tous les niveaux de la corporation».

Il appert évident que la Maison-Blanche doit prendre le contrôle des opérations. Non pas en évinçant BP et ses techniciens, mais en les intégrant à un vaste groupe auquel pourrait s'adjoindre la garde-côtière, l'armée et les experts de nombreux domaines, au-delà de toute affiliation commerciale.

Car ne l'oublions pas, BP n'est redevable qu'à ses actionnaires, qui en ont vu bien d'autres dans le passé.

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