Un «serpent de mer», en France, désigne un «sujet d'article rebattu, utilisé périodiquement dans la presse, en l'absence d'informations plus importantes».

Un «serpent de mer», en France, désigne un «sujet d'article rebattu, utilisé périodiquement dans la presse, en l'absence d'informations plus importantes».

Voilà qui résume bien le TGV au Québec, un projet que l'on ressort immanquablement depuis 30 ans, à chaque rencontre tenue avec l'Ontario et avec les gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre, sans que l'on ait encore aperçu dans la métropole l'ombre du début d'une silhouette de quelque chose qui s'apparente à une locomotive le moindrement rapide.

Encore la semaine dernière, au sortir d'un conseil des ministres conjoint, les premiers ministres Charest et McGuinty sont revenus à la charge, réaffirmant leur souhait partagé «d'y aller le plus vite possible».

Sans rire.

Évidemment, on nous dira que jamais on n'a été aussi proche de la réalisation d'un tel projet. Ce qui, à toutes fins utiles, est vrai. Un train en marche est toujours un peu plus proche de sa destination... même s'il progresse à la vitesse d'un vulgaire tortillard.

Les élus veulent nous convaincre de leur volonté? Qu'ils abandonnent les beaux discours copiés-collés qu'ils prononcent d'une année à l'autre, les études de pré-pré-pré-faisabilité périodiquement mises à jour et les rapports complaisants comme celui que pondra la SNCF à l'automne prochain.

Les raisons d'appuyer sur l'accélérateur et de régler les questions techniques tout en avançant sont nombreuses : que ce soit les préoccupations environnementales, l'absence de projets collectifs emballants, la hausse quasi certaine des prix du pétrole à long terme ou encore, l'émergence de l'économie du savoir, basée sur le transport de la matière grise bien plus que sur celui de la marchandise.

Il est temps d'arrêter «d'avancer par en arrière» et de se commettre financièrement, comme vient de le faire le président Obama au sud de la frontière. Traînant de la patte en matière ferroviaire, les États-Unis ne se sont pas contentés de commander des études à 300 000$, ils ont déposé sur la table 8 milliards de dollars pour aller de l'avant.

L'attentisme d'Ottawa, incapable de s'engager dans tout projet de transport collectif d'envergure, n'est pas une excuse. Il y a de fortes chances qu'avec les délais inhérents à un projet d'une telle ampleur, l'appui du fédéral suive tout simplement en cours de route, après le départ du premier ministre Harper. Les chefs Ignatieff et Layton sont d'ailleurs favorables au TGV.

On peut bien rêver à un train rapide vers New York ou Boston, espérer que les élus américains souhaitent autant relier leur État à Montréal qu'ils le prétendent, mais la réalité, c'est que le seul corridor viable est celui qui s'étend de Montréal à Toronto (et qu'il importe de prolonger vers Québec et vers Windsor, pour des questions pratiques et politiques indéniables).

Finissons-en une fois pour toutes avec les beaux discours sans conséquences... et le monde chimérique des serpents de mer.

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