Les touristes délaissent le Québec. De 2002 à 2008, la chute a été brutale: le nombre de visiteurs provenant du Canada a diminué de 29% et en partance des États-Unis, de 40%. Les excursions d'une journée faites par des Américains ont même décru de 58%!

On peut montrer du doigt la baisse du pouvoir d'achat des voyageurs, leur perte de confiance en l'économie, la faiblesse du dollar américain, mais il y a manifestement davantage que cela, étant donné que le tourisme international a crû de plus de 30% durant la même période.

 

En fait, au cours des dernières années, pratiquement tous les pays du monde ont connu une hausse du tourisme... sauf le Canada, se désolait récemment le grand patron de Transat, Jean-Marc Eustache.

Nous bouderait-on tout bêtement? Hélas oui.

Habitué d'être parmi les destinations chouchous, le Canada - et le Québec par le fait même - provoque de plus en plus de bâillements. Il vient d'ailleurs de perdre sa place au classement des 10 pays favoris dans le monde.

En un mot, il dégage une image assez ennuyeuse merci!

L'inquiétude est d'ailleurs palpable, tant à Québec qu'à Ottawa. Le premier entend mettre sur pied un comité d'experts chargé d'infléchir la tendance et le second, élaborer une stratégie touristique nationale.

Le problème, c'est que le Canada et le Québec peinent à se singulariser dans un monde de plus en plus compétitif, où les gouvernements misant financièrement sur le tourisme se multiplient (Turquie, Maroc), où des pays jadis ignorés sont devenus des destinations prisées (Croatie, Malaisie).

Concentrons-nous, aux fins de la réflexion, sur le Québec. «Fournisseur d'émotions depuis 1534», peut-on lire dans les publicités imprimées chez nos voisins. Il y a un volet historique intéressant à ce slogan, mais sinon, pas grand-chose pour se démarquer. Des émotions, Toronto, New York et Boston en offrent aussi.

Sinon, il y a quoi: les grands espaces, l'hiver? Soit. Mais si les provinces et États américains voisins ont des espaces tout aussi vastes et des hivers non moins enneigés, pourquoi les touristes se donneraient-ils la peine de venir ici?

Posez-vous la question: pourquoi décidez-vous de visiter un pays, une région, une ville? Parce qu'on y offre, habituellement, un ensemble d'éléments originaux, qui valent le déplacement.

Or prenons Montréal, qui est en quelque sorte la porte d'entrée du Québec: on y retrouve certes une scène culturelle vibrante et une offre gastronomique impressionnante à un prix imbattable, mais en soi, cela n'est pas suffisant pour convaincre le touriste.

Par contre, si ce dernier retrouve en plus un musée d'art contemporain niché dans un silo à grain, un spectacle à grand déploiement inédit, un vaste espace public à l'architecture déconcertante et un réseau de tramways modernes uniques en Amérique, il a bien plus de chances d'être attiré. Et par conséquent, de poursuivre son voyage vers d'autres régions du Québec.

Les Fêtes du 400e de Québec, avec le Moulin à images et le Cirque du Soleil, en sont un bel exemple. Et la hausse de 6,2% de l'affluence touristique qu'elles ont suscitée encore plus.

Tout cela coûte des sous, c'est vrai. Mais bien des régions du globe ont relevé ce pari sans s'endetter, en profitant de rénovations nécessaires, en associant le privé ou en y allant de projets peu coûteux. Pensons à la piétonnisation de Times Square, à l'opération Paris-Plages sur les bords de la Seine ou à la sculpture Cloud Gate, devenue LE symbole de Chicago depuis son dévoilement en 2006. Autant d'éléments qui n'attirent pas les touristes en soi, mais qui donnent du tonus à une offre déjà diversifiée.

Il importe donc plus que tout de cibler nos forces, de choisir des créneaux forts, bref de se démarquer. Mais pour ce faire, plus difficile encore, il faut oser.

 

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