Le dernier chapitre du Climategate vient de s'écrire. Le rapport Russell, dévoilé hier à Londres, résulte de la dernière grande enquête menée dans la foulée de ce « scandale », qui n'en était finalement pas un.

Le dernier chapitre du Climategate vient de s'écrire. Le rapport Russell, dévoilé hier à Londres, résulte de la dernière grande enquête menée dans la foulée de ce « scandale », qui n'en était finalement pas un.

Pas moins de cinq enquêtes ont été réalisées depuis le dévoilement en novembre dernier d'un millier de courriels piratés, des messages échangés entre climatologues qui pouvaient laisser croire à une manipulation frauduleuse de données dans le but de prouver l'existence des changements climatiques.

Toutes les enquêtes, les unes après les autres, ont blanchi les scientifiques, incluant la plus exhaustive d'entre elles, menées par le haut fonctionnaire à la retraite, Sir Muir Russell. «Leur rigueur et leur honnêteté ne font aucun doute», a-t-il déclaré, hier.

On peut donc tourner la page de ce chapitre de la courte histoire des sciences du climat, mais on aurait tort de sous-estimer son importance, encore plus d'éviter d'en tirer les leçons qui s'imposent. Car qu'on le veuille ou non, il y aura un avant et un après Climategate.

Qu'on ait obtenu les courriels des chercheurs de façon illégale n'y change strictement rien: toute cette histoire a jeté une lumière crue sur d'importantes défaillances du travail scientifique.

Les enquêtes ont disculpé les climatologues, certes, mais elles ont aussi révélé l'opacité de leur démarche scientifique et leur réticence à partager avec le public les données sur lesquelles ils planchent.

Voilà un manque de transparence qui ne posait pas problème lorsque le savoir se concentrait entre les mains de quelques-uns, mais qui n'est franchement plus acceptable aujourd'hui, alors que la démocratisation de l'information a atteint des niveaux jamais vus.

Il en va de même avec l'attitude élitiste des chercheurs, qui refusent encore trop souvent de débattre publiquement, de participer à la discussion collective qui naît pourtant de leurs propres travaux. La transparence étant à la fois le partage des données et celui des connaissances, les scientifiques ont le devoir d'investir l'espace public, afin d'expliquer leurs conclusions, voire de contredire celles de leurs détracteurs.

Cela dit, ils ne sont pas les seuls interpellés par toute cette histoire. Si le travail des climatologues a ainsi été remis en question, si plusieurs erreurs ont été découvertes dans les rapports du Groupe d'experts sur le climat de l'ONU, c'est en grande partie parce que la population et leurs représentants exigent des certitudes des chercheurs, des conclusions catégoriques. Or cela ne cadre pas du tout avec le travail scientifique, qui se base plutôt sur le doute et le questionnement perpétuels.

Le Climategate n'est donc pas le scandale tant annoncé. Il ne remet pas en doute l'existence du réchauffement, pas plus que la responsabilité de l'homme. Il n'a révélé ni malhonnêteté ni fraude.

Mais il aura néanmoins joué un grand rôle en permettant aux sciences du climat de se remettre en question et ainsi, avec le temps, de gagner en maturité.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion