La volonté du Plateau Mont-Royal de rendre ses rues résidentielles plus sécuritaires et conviviales a touché une corde sensible, incitant certains à conspuer ces «bourgeois» et ces «idéologues» qui veulent étouffer Montréal en y chassant les voitures.

La volonté du Plateau Mont-Royal de rendre ses rues résidentielles plus sécuritaires et conviviales a touché une corde sensible, incitant certains à conspuer ces «bourgeois» et ces «idéologues» qui veulent étouffer Montréal en y chassant les voitures.

Or ce débat ne touche pas qu'un arrondissement, pas plus qu'une classe sociale, mais bien l'ensemble de la ville centre. En ce sens, il importe de «déplateauiser» les discussions et de s'interroger sur la place accordée aux automobilistes et sur les alternatives qui leur sont offertes.

D'un côté, on rêve d'une ville sans auto, où seuls le métro, le bus et le Bixi auraient droit de cité. Et de l'autre, on voit l'espace urbain comme un vaste réseau routier servant à faciliter le déplacement des voitures vers son centre.

Or le rôle d'une métropole est d'offrir les deux, à la fois une qualité de vie aux résidents, piétons et cyclistes, ET une capacité de transit aux automobilistes. D'où la distinction entre les grandes artères et les rues de quartier.

Le problème, c'est qu'avec le temps, on semble avoir négligé le premier au profit du second, permettant aux navetteurs de traverser les quartiers résidentiels comme s'il n'y avait rien de plus normal.

Ils n'y ont pourtant pas leur place, pas plus qu'un piéton sur l'autoroute ou un vélo sur le trottoir.

Il est donc tout à fait logique que le Plateau intervienne. Qu'Outremont et Westmount l'aient fait avant lui. Qu'Ahuntsic, Villeray et Rosemont songent à emboiter le pas. Et qu'Hochelaga-Maisonneuve veuille profiter de la modernisation de Notre-Dame pour en faire autant.

Cela dit, si une certaine tendance se dessine sur l'île, on ne peut pas dire que la Ville de Montréal y contribue beaucoup, étant donné l'absence affligeante de toute vision d'ensemble du territoire et du transport.

Si, comme certains le craignent, les mesures du Plateau repoussent les navetteurs dans les quartiers adjacents, si elles font fuir les banlieusards, il faudra montrer du doigt le manque de volonté et de planification de l'administration Tremblay qui, encore aujourd'hui, se complaît dans les beaux discours plutôt que d'agir concrètement.

Un exemple parmi d'autres: la Ville vient d'imposer à la STM des compressions de 12 millions de dollars, alors qu'elle promettait des «investissements massifs» dans son plan de transport de 2007. Un plan, d'ailleurs, dont aucun des quatre premiers chantiers prioritaires n'a encore véritablement décollé. Un plan dont même les projets les moins coûteux, comme les services rapides par bus prévus sur Pie-IX et Henri-Bourassa, tardent à voir le jour.

Une portion de la colère dirigée contre le maire Ferrandez s'explique par cette contradiction: d'un côté, on demande aux automobilistes de limiter leurs déplacements sur les artères, de l'autre on ne fait rien pour y réduire la congestion ou pour les inciter à délaisser leur voiture.

Le problème, ce ne sont pas tant les mesures du Plateau, que l'absence d'interventions planifiées à l'échelle de la ville dans lesquelles elles devraient s'inscrire.

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