Le projet de construction d'un nouvel amphithéâtre à Québec prouve une fois de plus que le politique a ses raisons que la raison ne connaît pas.

Le projet de construction d'un nouvel amphithéâtre à Québec prouve une fois de plus que le politique a ses raisons que la raison ne connaît pas.

Après avoir promis en pleine période électorale d'allonger 50 millions de dollars aux côtés du secteur privé, le gouvernement Charest a plongé les mains dans ses poches et en a ressorti, comme par magie, des dizaines et des dizaines de millions supplémentaires, malgré la terrible situation financière qu'il a lui-même dépeinte dans son dernier budget.

Le geste stupéfiant, d'autant que le premier ministre ne s'est pas contenté de promettre la moitié des 400 millions nécessaires, il s'est dit prêt à assumer 45% de la facture globale... peu importe son montant, peu importe les hausses de coûts qu'engendrera inévitablement un tel projet.

On rêve tous d'un banquier aussi généreux! Un banquier qui, comme le premier ministre, est prêt à nous signer un chèque en blanc, et ce, sans même avoir en mains la documentation pertinente...

Il faut en effet parcourir l'étude d'Ernst & Young pour se convaincre du peu de fondements de la décision du gouvernement, qui s'est empressé de dire oui aux nostalgiques des Nordiques, les yeux sur les prochaines élections, à la faveur d'un rapport qualifié de «très préliminaire» par ses auteurs.

Contrairement à ce qui en a été dit, le document dévoilé ces derniers jours n'est ni un plan d'affaires, ni une étude de marché. Il ne contient même pas d'analyse de l'achalandage potentiel d'un tel amphithéâtre!

On peut donc, à la lecture de cette étude sommaire, tirer la conclusion qui nous chante. On peut déduire que «l'utilité d'un nouvel amphithéâtre est pleinement démontrée», comme Équipe Québec, ou que «le projet est viable et rentable économiquement», comme le gouvernement.

Mais on peut tout aussi bien, à partir du même document, conclure l'inverse: la construction d'un aréna de 18 000 places à Québec n'est tout simplement pas viable d'un point de vue économique. Aucune entreprise sérieuse ne serait prête à se risquer dans une aventure aussi ruineuse.

Ne reste donc qu'une façon de doter la capitale d'une telle infrastructure: refiler l'entièreté de la facture aux contribuables.

Et les gouvernements d'applaudir! Même s'il n'y a au Canada aucun exemple d'un aréna entièrement financé par le public... à part le Colisée de Québec en 1949, en pleine époque duplessiste!

N'avions-nous pas collectivement réglé la question de ces bonzes du sport professionnel qui exigent toujours plus d'argent public pour renflouer leurs coffres tout ce qu'il y a de plus privés?

Que l'État participe financièrement au montage financier d'un projet sportif d'envergure, comme il l'a fait pour l'agrandissement des stades Saputo et Percival-Molson par exemple, cela va de soi. Mais qu'il en soit l'unique bailleur de fonds, l'unique preneur de risques, voilà qui n'a absolument rien de raisonnable.

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