Le dépôt des nouveaux rôles d'évaluation de Montréal est une excellente nouvelle pour la collectivité, un peu moins pour les individus qui la composent.

Le dépôt des nouveaux rôles d'évaluation de Montréal est une excellente nouvelle pour la collectivité, un peu moins pour les individus qui la composent.

La hausse de 23,5% des évaluations de la région témoigne en effet de la vitalité économique de la métropole, dont le marché immobilier, peu affecté par la crise, est en croissance soutenue depuis 2005.

On le constate dans le secteur résidentiel, avec des augmentations plus prononcées dans les quartiers centraux, mais somme toute bien réparties sur l'île. On le constate aussi dans le secteur commercial, qui attire jusqu'aux investisseurs étrangers, américains, saoudiens et allemands.

Mais cette effervescence, évidemment, a un revers pour les Montréalais : la menace d'augmentations appréciables des comptes de taxes.

D'ici le dépôt du prochain budget municipal, il sera en effet tentant pour la Ville de ne baisser que légèrement les taux de taxation, ce qui ferait grimper les taxes et donc, les revenus engrangés. L'administration aurait ainsi beaucoup plus de facilité à boucler son budget.

Défendable économiquement, une telle décision le serait aussi politiquement, puisque les Montréalais ont profité de très nombreux gels de taxes foncières dans le passé, tant sous le règne de Pierre Bourque que de Gérald Tremblay. Les laisser croître aujourd'hui, au rythme de leur valeur, serait donc justifié.

Mais attention! La voie facile pourrait jouer de bien mauvais tours à Montréal, en faisant fuir ceux que l'on tente désespérément d'attirer: les jeunes familles des quartiers centraux.

Comme l'a souligné Projet Montréal, celles-ci élisent souvent domicile au coeur de l'île afin de se débarrasser d'une de leurs autos, voire de leur seule voiture. Laisser croître les taxes de façon importante grèverait cet avantage financier: l'argent économisé en transport serait siphonné par une hausse de taxes (ou de loyer).

Pour éviter que le départ annuel de milliers de familles vers la banlieue se transforme en exode, la Ville doit donc limiter le plus possible la hausse des impôts fonciers, en plus d'étaler son impact sur trois ans. Elle pourrait fort bien ajuster les taux de taxation afin que l'augmentation suive de près l'inflation.

Cela créerait un manque à gagner au moment même où l'on exige des investissements massifs en transport en commun? Oui, mais ce n'est pas dans le portefeuille des citadins qu'il faut piger pour bonifier le réseau.

Après avoir créé deux fonds basés essentiellement sur l'impôt foncier, l'un pour la voirie, l'autre pour l'eau, la Ville pourrait fort bien en créer un troisième, dédié cette fois à la modernisation du transport collectif. À la différence que celui-ci ne serait alimenté que par la tarification (péage, taxe sur l'essence, sur le stationnement, sur l'immatriculation, etc.)

Ce n'est pas aux Montréalais qui font déjà un effort de payer pour une mesure qui rendra le réseau routier plus fluide, mais bien aux automobilistes qui en profiteront.

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