La colère était si forte, en septembre 2003, que la toute première journée sans voiture à Montréal a failli ne pas avoir lieu. Les commerçants refusaient que l'on ferme ne serait-ce qu'une seule rue, tandis que les élus de Ville-Marie s'opposaient à la tenue d'un tel événement en plein centre-ville.

La colère était si forte, en septembre 2003, que la toute première journée sans voiture à Montréal a failli ne pas avoir lieu. Les commerçants refusaient que l'on ferme ne serait-ce qu'une seule rue, tandis que les élus de Ville-Marie s'opposaient à la tenue d'un tel événement en plein centre-ville.

L'année suivante, les hauts cris ont repris, mais avec un peu moins d'ardeur cette fois. Puis le calme s'est graduellement installé à partir de 2005, un peu plus chaque année. Si bien qu'«En ville sans ma voiture» se tiendra ce matin, dès 9h, sans cris ni injures.

Comme la braderie de la Main et la braderie du boulevard Mont-Royal, la journée sans auto fait aujourd'hui partie des meubles... au point où l'on ne la voit même plus.

Événement «revendicateur», vous dites? Plutôt un événement tout en langueur, dont la pertinence s'est perdue avec le temps.

«En ville sans ma voiture» fête cette année son huitième anniversaire et pourtant, son périmètre n'a pas gagné un pouce avec les années. Et les heures de fermeture des rues, bien qu'elles aient été bonifiées de quelques minutes pour s'étirer de 9h à 15h30, permettent toujours aux navetteurs de garder leurs habitudes motorisées, comme si de rien n'était.

Les organisateurs, cette année, caressaient le désir de «pousser le concept plus loin». Ce qu'ils ont fait en rebaptisant l'événement «En ville sans ma voiture, toute la semaine!» Le changement? En plus de la journée sans auto, on égrène toute la semaine des conférences et des spectacles... qui n'attireront que des convaincus.

Zzzzzzz....

L'essoufflement du concept est d'autant plus flagrant que les habitudes des Montréalais ont beaucoup changé depuis 2003: non seulement les déplacements motorisés ont connu leur première baisse en 40 ans, mais l'affluence des transports en commun est, en contrepartie, en hausse constante.

Comment peut-on donc présenter le même événement aujourd'hui, avec les mêmes arguments et les mêmes carrés de gazon artificiel, alors que le contexte a complètement changé? Si l'AMT, la Ville et l'arrondissement souhaitent que leurs investissements, en temps et en argent, aient un quelconque effet, ils doivent éteindre le pilote automatique et peser sur l'accélérateur.

L'idée de tenir une semaine d'activités, comme en Europe, est bonne. Mais le concept mérite d'être grandement amélioré: tenons une journée de gratuité des transports en commun dans toute la région, offrons 30 minutes de Bixi à tous les Montréalais le lendemain, transformons une voie de Saint-Urbain en autoroute cyclable le surlendemain...

Et surtout, revoyons une bonne fois pour toutes le périmètre et les heures de fermeture de la journée sans auto (il s'agit tout de même d'une seule journée par année!), afin de bousculer à nouveau les habitudes des navetteurs, comme le veut la mission de l'événement.

Sans cela, il ne vaut même plus la peine de le tenir.

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