Face au tollé provoqué par les ambitions du Plateau Mont-Royal, le maire Tremblay a annoncé qu'il mettait un holà au transfert de la gestion des parcomètres aux arrondissements.

Face au tollé provoqué par les ambitions du Plateau Mont-Royal, le maire Tremblay a annoncé qu'il mettait un holà au transfert de la gestion des parcomètres aux arrondissements.

Certains voient là un recul de la Ville, mais il s'agit plutôt d'un repli stratégique qui s'imposait.

Rappelons d'abord les faits. Le 30 septembre dernier, le directeur des Finances de la Ville envoie une lettre aux arrondissements de l'ancien Montréal leur annonçant qu'ils auront, dès l'an prochain, le pouvoir de fixer les tarifs des parcomètres, dont ils toucheront la totalité des revenus.

Dix jours plus tard, dans La Presse, la lettre est révélée et aussitôt atténuée par le cabinet du maire: aucune décision n'a été prise par l'exécutif, il ne s'agit que d'un scénario à l'étude. Bref, la lettre est partie trop vite...

Grattant les fonds de tiroirs, le Plateau a sauté sur l'occasion et, dans le temps de le dire, ajouté 2,5 millions de dollars dans la colonne des revenus. Malgré l'absence d'une décision officielle. Malgré les réserves de l'Administration.

En un mot, le Plateau a forcé le jeu. Et aujourd'hui, il crie à l'étranglement financier et exige que la Ville - donc tous les Montréalais - éponge les recettes anticipées... pendant à peine 10 jours. Ridicule!

Cette réaction est d'autant moins justifiée que Gérald Tremblay ne met pas une croix sur le plan de stationnement du Plateau, n'abandonne pas son intention de décentraliser la gestion du stationnement et ne dit pas non au transfert des nouveaux revenus des parcomètres aux arrondissements.

Tout ce que le maire Tremblay a dit hier, en fait, se résume ainsi: pas si vite! Il ne s'agit donc pas tant d'une annonce contre le Plateau que d'une annonce en réaction à l'empressement du Plateau, qui avait déjà commandé 600 nouveaux parcomètres!

Le maire Luc Ferrandez, les Montréalais l'auront compris, prend des décisions aussi vite que son ombre. Ce qui est tout en son honneur puisqu'il suit son programme électoral à la lettre.

Mais cet élan pose problème dès que ses gestes ont une incidence qui dépasse les frontières de son arrondissement.

C'est le cas de la révision des tarifs et revenus des parcomètres, qui fait l'objet d'une péréquation entre arrondissements. Et c'est le cas des affiches publicitaires dont le Plateau a exigé le démantèlement.

Dans un cas, on joue avec les sommes distribuées sur le territoire de l'ancien Montréal. Et dans l'autre, on met une croix sur des montants destinés à la ville centre, qui doit par ailleurs défrayer les honoraires des avocats qui défendent la décision du Plateau...

Geste local, donc, aux implications globales. D'où la volonté du maire Tremblay, bousculé par la fougue de son vis-à-vis du Plateau, de prendre une pause pour encadrer de façon plus cohérente les liens entre la Ville et les arrondissements, afin d'éliminer les distorsions et les iniquités.

Cette prudence réduira les ambitions du Plateau à court terme, mais elle pourrait bien lui donner plus de marge de manoeuvre à long terme.

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