Les audiences du BAPE étant terminées, nous vous présentons le premier de deux éditoriaux sur l'exploitation du gaz de schiste.

Partout dans le monde, la découverte d'énormes gisements gaziers serait accueillie avec des feux d'artifice. Partout... sauf au Québec.

Ce phénomène, souligné avec ironie par The Economist, tire évidemment sa source des bassins hydroélectriques du Grand Nord. Habitués à profiter d'une source d'énergie abondante et d'autant moins polluante que ses impacts se confinent à un territoire lointain, les Québécois en sont venus à croire qu'ils n'ont pas besoin du gaz de schiste.

Or faire une croix sur ce potentiel serait une très mauvaise décision, tant sur le plan financier qu'environnemental.

D'un point de vue économique, le Québec ne peut à la fois conserver les avantages d'un État interventionniste, et refuser à ce dernier les rares entrées d'argent qui lui permettent de l'être. Surtout qu'elles peuvent profiter à la fois aux coffres de la province et aux régions, qui en ont bien besoin.

Le plus récent rapport du Conference Board montre bien le danger qui guette la province, alors que ses dépenses sont appelées à croître beaucoup plus vite que ses revenus, menace qui prend tout son sens quand on jette un oeil au Vieux continent.

Et malgré cela, le Québec gardera les bras croisés pendant que la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick s'emparent de tout le marché du gaz non conventionnel dans l'Est du pays? Il continuera à s'approvisionner à fort prix dans l'Ouest? Il regardera sans broncher les sources classiques de gaz tarir chez son unique fournisseur?

Rien d'étonnant à ce qu'à l'étranger on regarde le Québec avec un sourire en coin...

Franchement! On ne peut tout de même pas faire semblant de ne pas consommer de gaz naturel! Du gaz qui pourrait fort bien être produit sur place, créer des emplois localement, coûter moins cher et rapporter des redevances, plutôt que d'être importé sur 4000 kilomètres, avec les gaz à effet de serre que cela engendre.

D'un point de vue environnemental aussi, d'ailleurs, l'exploitation des shales de l'Utica se justifie pleinement. Non seulement le gaz naturel est le plus propre des combustibles fossiles, il a le mérite de pouvoir remplacer le mazout lourd du jour au lendemain, d'un simple clic, dans plusieurs milliers d'entreprises et institutions. Quand on sait que le Québec consomme près de la moitié du mazout lourd au pays, ceci n'a rien de négligeable.

Mais attention! Rien de tout cela n'a de valeur, aucun des arguments cités n'est valide, pas une ligne ne vaut le papier sur lequel elle est imprimée si le gaz de schiste est exploité comme l'ont été les ressources minières au Québec dans le passé. Cette braderie éhontée, au détriment de l'économie et de l'environnement, montre à quel point l'absence de vigilance peut mener à tous les excès et dégâts.

Oui au gaz de schiste, donc, à condition qu'il fasse l'objet d'un encadrement à la hauteur de son potentiel... et des risques réels qu'il pose pour l'environnement.

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