La lutte contre le sac en plastique est une immense réussite qui n'a rien d'éphémère.

La lutte contre le sac en plastique est une immense réussite qui n'a rien d'éphémère.

On l'a vu au Québec pendant le temps des Fêtes, alors que les sacs réutilisables étaient plus visibles que jamais, et on le voit dans l'actualité, un peu partout dans le monde. Au cours des derniers jours seulement, l'Italie a banni les sacs en plastique, une troisième ville canadienne a emboîté le pas et la France a opté pour l'imposition d'une taxe unique (mais seulement après les présidentielles...).

Les succès étant rares en environnement, encore plus les succès rapides, généralisés et durables, il vaut la peine de se pencher sur cet étonnant changement de comportement afin d'en tirer des leçons. Et, qui sait, affronter ainsi avec plus d'efficacité d'autres défis environnementaux plus pressants encore.

Deux éléments méritent réflexion. D'abord, l'émergence d'une forte pression sociale qui a isolé les citoyens et les entreprises qui refusaient le changement. On doit ce phénomène à la fois à la sensibilisation du grand public, facilité par le caractère tangible du sac et de ses conséquences, et à la mobilisation des entreprises, qui ont vu dans ce combat une occasion rapide de réduire leurs dépenses tout en se faisant du capital vert.

Bref, comme dans le cas de la couche d'ozone, autre succès, on a cerné un problème précis, puis on lui a trouvé une alternative simple et surtout, peu coûteuse.

Ensuite, la volonté des élus et des dirigeants d'opter pour le bâton plutôt que pour la carotte. Quelques épiceries ont bien tenté de réduire volontairement la quantité de sacs distribués ou d'offrir 5¢ à leurs clients pour encourager les bons comportements, mais ces cas isolés de greenwashing n'ont pas fait long feu...

À l'inverse, certains commerces ont banni le sac (comme la SAQ), et de nombreux autres ont choisi d'imiter l'Irlande, qui facture un montant pour chaque sac tendu depuis 10 ans. C'est le cas de la chaîne d'épiceries Metro, par exemple, un des premiers à avoir osé le geste. Résultat: une baisse de 80% de la demande chez Metro, de 90% en Irlande... et de 100% à la SAQ!

Et pourtant, on ne parle ici que de quelques sous... preuve que le succès ne réside pas dans le montant exigé, mais dans le seul fait d'exiger un montant, de donner une valeur à ce qui est utilisé.

Voilà qui devrait faire réfléchir les élus aux prises avec des problèmes environnementaux comme le transport routier, les changements climatiques ou le gaspillage énergétique. On peut bien mettre de l'avant les plus beaux programmes volontaires et les plus juteuses subventions, jamais elles n'auront l'effet d'un péage, d'une taxe carbone ou d'une hausse des tarifs d'électricité, autant de mesures qui ont en outre le mérite de permettre une réduction du fardeau fiscal global par le truchement de comportements verts.

Hélas, les sacs le confirment encore une fois: pour faire réfléchir les consommateurs et les pollueurs, rien de mieux que de piger dans leur portefeuille.

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