Stephen Harper devrait lire le rapport de la commission présidentielle sur la marée noire du golfe du Mexique, dévoilé hier à Washington, comme s'il lui était personnellement destiné. Car le volumineux document ne met pas uniquement en cause BP, mais bien «la culture» de toute une industrie.

Stephen Harper devrait lire le rapport de la commission présidentielle sur la marée noire du golfe du Mexique, dévoilé hier à Washington, comme s'il lui était personnellement destiné. Car le volumineux document ne met pas uniquement en cause BP, mais bien «la culture» de toute une industrie.

Les joueurs et les défis environnementaux étant les mêmes des deux côtés de la frontière, il est évident que les conclusions de ce rapport devraient mener, ici aussi, à «une refonte totale des pratiques de l'industrie pétrolière et de la supervision du gouvernement».

On rétorquera que le Canada n'est pas les États-Unis, que la proximité entre l'industrie et le politique est ici moins grande, qu'il n'existe pas, jusqu'à preuve du contraire, d'agence canadienne aussi corrompue que le Minerals Management Service.

Peut-être, mais il y a une chose qui rapproche les deux pays: la confiance aveugle qu'ils ont accordée aux pétrolières ces dernières années, acceptant bon nombre des assouplissements réglementaires demandés. Et ce, peu importe le parti au pouvoir.

On l'a vu en 2005, lorsque le ministre Stéphane Dion a facilité le forage exploratoire au large des côtes, levant l'obligation de produire une «étude environnementale approfondie». Et on l'a vu l'an dernier, lorsque le gouvernement Harper a tenté d'affaiblir à son tour la loi sur l'évaluation environnementale.

Or ce que nous dit la commission américaine, c'est que les erreurs «systémiques» qui ont provoqué l'explosion du Deepwater Horizon sont le fait non pas d'une ou de plusieurs entreprises, mais bien d'une «culture de sûreté» déficiente partagée par toute l'industrie, pour qui les profits priment la sécurité.

D'où la nécessité d'un encadrement serré, d'une surveillance de tous les instants et d'une menace d'amendes dissuasives.

Cela est important pour l'exploitation pétrolière, mais encore plus pour le forage en mer, en eau profonde et en zone arctique. Car les pressions pour extraire des hydrocarbures de ces secteurs éloignés et délicats se font de plus en plus fortes depuis cinq ans, ce qui augmente de façon exponentielle les risques d'incidents.

Avant de laisser les pétrolières s'aventurer dans la mer de Beaufort ou pomper le gisement Old Harry, le gouvernement fédéral aurait donc grandement intérêt à lancer une analyse approfondie de son régime réglementaire, voire à s'interroger sur la pertinence de scinder l'attribution des permis et la surveillance des installations pétrolières.

Si la proximité entre les deux pays commande une harmonisation des politiques environnementales, elle commande aussi une prudence partagée face aux risques bien réels que pose le forage extracôtier.

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