Les Canadiens regarderont-ils le «spoutnik américain» décoller les bras croisés?

Les Canadiens regarderont-ils le «spoutnik américain» décoller les bras croisés?

Dans son discours sur l'état de l'Union, formulé mardi, le président Obama a déclaré que les États-Unis affronteront la Chine et la crise économique comme ils ont répondu au Spoutnik russe il y a 50 ans: par une vague d'innovation sans précédent.

Des jours difficiles s'annoncent donc pour le Canada, qui lève le nez depuis trop longtemps sur l'innovation, la recherche et le développement, malgré leur importance vitale pour l'économie du pays.

Il y a bien quelques heureux projets privés et universitaires ici et là, des velléités de développer cette fameuse «société du savoir», mais on ne retrouve pas ici la même impulsion, la même volonté de faire travailler nos neurones qu'aux États-Unis.

Ce n'est pas nouveau. L'innovation n'a jamais été le trait distinctif du Canada. Mais avec la guerre des cerveaux que se livrent Washington et Pékin, le gouvernement Harper, qui nourrit une grande méfiance à l'endroit de la science, risque de creuser le fossé qui le sépare déjà des grandes puissances.

Surtout que la volonté de la Chine n'est pas à remettre en question. De manufacture mondiale, elle promet en effet de devenir un leader des technologies propres, de l'auto électrique, des trains à grande vitesse. Autant d'enjeux, soit dit en passant, qui ont été cités mardi dans le discours du président américain...

En fait, la politique scientifique de la Chine est si agressive, ses investissements si importants et sa volonté de rapatrier ses cerveaux si ferme, qu'elle rattrapera l'Europe et l'Amérique d'ici 20 ans, notait récemment Michel Maziade, directeur scientifique du Centre de recherche Université Laval Robert-Giffard. D'où le virage que souhaite entreprendre le président Obama.

Mais curieusement, cette menace laisse le pays de glace. Alors qu'on rêve de la prochaine révolution industrielle ailleurs dans le monde, on semble incapable, à Ottawa, de rêver à autre chose qu'à un baril de pétrole à plus de 100$!

C'est d'ailleurs ce qu'a déploré lundi le patron de Télésystème, Charles Sirois, devant le Cercle canadien de Montréal. Le pays, a-t-il dit, se contente d'extraire des ressources, alors que le reste du monde «carbure à l'innovation».

En un mot, on gère le pays à la petite semaine. Sans ambition. Sans penser aux lendemains.

En témoignent tous ces palmarès internationaux et ses rapports d'experts qui classent systématiquement le Canada, au chapitre de l'innovation, en bas des membres du G7 et de l'OCDE. Dernier en date, le classement annuel du Forum économique mondial, qui se tient actuellement à Davos. Le pays est passé du 9e au 10e rang, une chute, selon le FEM, que seul un accroissement du «potentiel d'innovation» pourrait renverser.

Il est vrai que le Canada s'est très bien sorti de la récente crise économique. Mais on peut douter qu'avec une attitude aussi passive, il s'en tirera bien à long terme.

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