L'abolition de Recyc-Québec semble chose faite pour le gouvernement Charest, qui n'a pas attendu le feu vert du parlement pour planifier son intégration, voire pour réquisitionner ses locaux.

L'abolition de Recyc-Québec semble chose faite pour le gouvernement Charest, qui n'a pas attendu le feu vert du parlement pour planifier son intégration, voire pour réquisitionner ses locaux.

Et pourtant, on ne sait toujours pas pourquoi le gouvernement a décidé d'en finir avec cet organisme...

Le projet de loi 130 est en effet muet sur les motivations qui le sous-tendent. Tandis que les membres du gouvernement qui ont tenté la justification se perdent en conjectures. Le ministre de l'Environnement dit vouloir engranger des économies; la présidente du Conseil du Trésor prétend que Recyc-Québec a fait son temps, qu'il faut mettre fin à d'inutiles chevauchements qui minent le recyclage.

Or aucun de ces arguments ne tient la route. Il est tout de même question, ici, d'une société qui s'autofinance. D'une société dont l'abolition ne contribuera pas à réduire le déficit de l'État. D'une société dont la disparition ne rapportera que deux modestes millions de dollars par année, une somme aussi minime qu'incertaine.

En effet, pour faire passer la pilule, le Ministère promet: 1) d'intégrer tous les employés de l'organisme, 2) d'accroître la quantité et la qualité des services offerts, 3) de réduire le budget total alloué à cette mission... impossible.

Quant à la rationalisation promise, on en est tout aussi loin. Si Recyc-Québec était cet organisme superflu qui mérite la poubelle, pourquoi donc les deux dernières analyses administratives ont-elles recommandé son maintien? Pourquoi l'organisme était-il absent de la liste des entités à abolir du dernier budget? Pourquoi aucun document ne justifie-t-il la pertinence de ce geste?

Sans réponses, et devant l'empressement du gouvernement, on en reste avec cette désagréable impression que le gouvernement n'est pas à dégraisser le moteur, mais bel et bien à le démanteler... sans s'expliquer ni écouter.

On croyait, bien naïvement, que la commission parlementaire de la semaine dernière jetterait un peu d'éclairage sur cette douteuse décision. Après tout, l'organisme existe depuis 20 ans, il est un modèle de saine gestion, il fait preuve d'une autonomie d'action salutaire face aux lobbies et il consacre la séparation de l'exécutif et du législatif, comme le recommande l'OCDE en pareilles matières.

Mais non. Aidé par un projet de loi fourre-tout qui abolit et restructure un paquet d'entités allant du ministère des Services gouvernementaux au Conseil permanent de la jeunesse, Mme Courchesne s'en est tenue à quelques banalités.

Pourtant, les critiques formulées étaient bien senties. La CSQ a parlé d'une «erreur». La Fédération collégiale a évoqué «un jour sombre pour l'environnement». La chaire en Éco-Conseil de l'UQAC a déploré le «manque de vision à long terme» du gouvernement. Et l'AQLPA s'est montré critique envers ce geste totalement à «contre-courant».

Mais ces critiques, hélas, semblent être tombées dans la même trappe par laquelle Recyc-Québec est déjà passé...

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