Au coeur du discours inaugural de Jean Charest se trouvait hier le Plan Nord, un projet visant à transformer le nord du 49e parallèle en un «nouvel espace économique» où se multiplieront les projets énergétiques, miniers, forestiers et touristiques au fil des décennies.

Au coeur du discours inaugural de Jean Charest se trouvait hier le Plan Nord, un projet visant à transformer le nord du 49e parallèle en un «nouvel espace économique» où se multiplieront les projets énergétiques, miniers, forestiers et touristiques au fil des décennies.

Pour l'instant, ce plan tient en 21 pages bien espacées. Il n'est qu'une coquille vide, une sorte de cartable dans lequel ont été rangés des projets déjà prévus, des phrases creuses et quelques belles intentions vertes et sociales.

Il faudra donc attendre les détails, prévus dans les prochaines semaines, pour se prononcer sur le Plan, ses composantes et les divers projets pétroliers, forestiers et hydroélectriques qui seront privilégiés. D'autant que le débat fait rage, depuis la sortie du documentaire-choc Chercher le courant, sur la réelle rentabilité des nouveaux barrages d'Hydro-Québec.

Mais en l'absence de contenu, attardons-nous au processus qui mènera au dévoilement des détails du plan, que d'aucuns jugent trop lent. Au contraire! Il mérite d'être salué, n'en déplaise aux plus cyniques, pour le climat qu'il a réussi à installer au cours de la dernière année.

Un climat de confiance, d'abord, avec les communautés concernées et les groupes inquiétés. Plusieurs se sont moqués de cette «patente» constamment reportée sur laquelle le gouvernement ne semble pas plancher sérieusement. Mais pour se convaincre du contraire, il suffit de parler avec un membre de la Table des partenaires du Plan Nord, une instance qui s'est réunie pas moins de huit fois à ce jour.

Ceux qui y siègent, autochtones, écolos, élus locaux, prospecteurs peuvent exprimer certains reproches, mais ils estiment néanmoins que le processus va bon train et surtout, qu'il se déroule dans le respect des communautés et de l'environnement. En 2011, cela s'appelle un tour de force.

Les discussions se corseront certainement avec le temps, mais le mérite de ces «pourparlers préventifs» n'est pas à négliger pour autant: il est ici question d'un territoire fragile, abritant le quart des autochtones de la province. Or comme le précise l'Initiative boréale canadienne, on a trop longtemps développé d'abord... pour ensuite tenter de limiter les dégâts.

Le Plan Nord, par sa seule existence, crée ensuite un climat propice aux affaires. En répétant qu'il s'agit d'une priorité, Jean Charest lance un signal clair aux investisseurs, qui se montrent déjà intéressés.

Une mission à la baie James a attiré une bonne trentaine de diplomates étrangers, l'automne dernier. Au même moment, le premier ministre François Fillion annonçait que les entreprises françaises étaient si emballées qu'il comptait se rendre sur place, dès cet été.

Il y a évidemment de nombreuses questions en suspens, des inquiétudes à apaiser et des promesses à honorer. Mais il est difficile d'attaquer le gouvernement pour sa rapidité à vouloir exploiter le gaz de schiste... et lui en vouloir quand il prend son temps pour bien faire les choses.

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