C'est dans la controverse que débute ce soir l'audience publique sur le projet éolien de TransAlta, en Montérégie. À en croire les opposants, «la majorité des gens» serait contre cette «calamité» qui s'abat sur Saint-Valentin, «paisible village de l'amour» ...

On parle ici d'éoliennes. D'une vingtaine d'entre elles. Érigées avec l'assentiment des propriétaires. À la suite d'une audience du BAPE. Non pas d'un projet de centrale au charbon ou de forage gazier enfoncé dans la gorge des citoyens!

Et pourtant, les maires du coin ont formé une coalition contre cette «agression» sans précédent. Des centaines de citoyens se mobilisent pour contrer ce projet qui «hypothèque leur région». Et des dizaines d'agriculteurs n'hésitent pas à embarquer sur leurs tracteurs pour exprimer leur colère, comme ils l'ont fait samedi.

La grogne est telle dans le Haut-Richelieu qu'Hydro-Québec s'est sentie obligée d'annuler sa séance d'information le mois dernier, comme l'avait fait avant elle le promoteur d'un projet voisin qui craignait pour sa sécurité personnelle...

Pourtant, les maires et citoyens du Comité Don Quichotte se disent tous favorables aux éoliennes... à condition, bien sûr, qu'on les érige ailleurs. Une énième variante du syndrome «pas dans ma cour», en somme, dont on tente de masquer les symptômes avec des arguments qui ne tiennent pas la route.

- La qualité des terres «saccagées»: vrai, les éoliennes seraient érigées dans le «garde-manger» de la province. Mais on parle ici d'un projet qui s'étendra sur 19 hectares, rien pour mettre en péril les récoltes du Québec! À ce compte, les maires de la région auraient plus à gagner à s'opposer à l'étalement urbain.

- Les conséquences «néfastes» sur l'économie: les énormes bénéfices dont l'est de la province a pu profiter l'an dernier les contredisent. Le secteur de la construction de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent a connu en 2010 une année record grâce, en très grande partie, à l'éolien.

- Les impacts «nocifs» sur la santé: l'automne dernier, l'Institut national de santé publique a conclu que ni le son, ni les infrasons, ni les champs électromagnétiques émis par les éoliennes ne sont d'une «intensité suffisante» pour causer des problèmes de santé, pas même une simple nuisance.

Le gouvernement Charest se dit néanmoins «sensible» à cette opposition. Mais plutôt que de regarder passivement la région s'entre-déchirer, de laisser des promoteurs peu connus défendre leurs projets, la ministre Normandeau devrait se munir du bâton du pèlerin et expliquer pourquoi ces projets en zones semi-urbaines se justifient, pourquoi ils ne peuvent pas être simplement exportés dans le Grand Nord, pourquoi ils sont nécessaires pour la collectivité.

Le Québec a la chance de pouvoir compter sur une deuxième forme d'énergie propre et renouvelable, une source qui, de surcroît, se marie très bien à la première. Dans une société où la demande en électricité est appelée à croître, encore et encore, il serait insensé de s'en passer.

francois.cardinal@lapresse.ca

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