Le problème relève du tabou et pourtant, il est majeur. Le Québec a poussé l'intégration des élèves en difficulté trop loin ces dernières années, une situation qui dessert aujourd'hui tout le monde... incluant les élèves en difficulté.

Le problème relève du tabou et pourtant, il est majeur. Le Québec a poussé l'intégration des élèves en difficulté trop loin ces dernières années, une situation qui dessert aujourd'hui tout le monde... incluant les élèves en difficulté.

Cette intégration à tout prix épuise les professeurs, qui n'ont pas été formés pour répondre à ces enfants aux besoins particuliers. Elle ralentit les élèves «ordinaires», qui ont droit à moins d'attention. Elle nuit aux élèves en difficulté, qui peinent à suivre sans aide spécialisée. Et elle décourage les parents de ces derniers, pour qui la quête de ressources professionnelles est un chemin de croix.

Voilà pourquoi les enseignants, main dans la main avec les pédiatres, ont décidé de lancer une coalition contre l'inclusion sauvage, jeudi, qu'ils ont préféré baptiser, pour des raisons évidentes, «Coalition pour une intégration réussie».

Leur message: l'école se dirige droit dans le mur.

Il y a maintenant 40 ans que l'on a décidé d'ouvrir les portes des classes régulières aux élèves handicapés, ayant des difficultés d'adaptation, des troubles du comportement ou de simples difficultés à suivre. Leur nombre ne cesse d'augmenter depuis, représentant aujourd'hui un peu plus d'un élève sur cinq.

Louable. Mais au nom d'une sacro-sainte «école inclusive», cette intégration s'est mutée en dogme au tournant des années 2000... sans, bien sûr, que les nécessaires ressources spécialisées ne suivent.

Résultat: des profs qui doivent jongler seuls avec quatre ou cinq de ces élèves en même temps, appliquer autant de «plans individuels d'intervention», atteindre les objectifs pédagogiques de chacun d'entre eux et compléter autant d'évaluations différentes.

Ah oui! Ils doivent aussi jeter un oeil de temps en temps sur les 25 autres élèves...

La ministre de l'Éducation reconnaît le problème, elle souhaite désormais privilégier une inclusion partielle, qui permet à ces élèves de fréquenter la classe régulière tout en profitant de retraits ponctuels.

Intéressant. D'autant que Line Beauchamp en a fait sa priorité... tout en précisant qu'elle n'ajouterait pas un sou dans le réseau.

Or sans injection de fonds, sans embauche de spécialistes, «l'école inclusive» n'est qu'un voeu pieux, une tentative d'intégrer une minorité aux dépens de la majorité. Et qu'elle soit à temps plein ou partiel n'y change rien.

Le nombre de professionnels a peut-être augmenté depuis 2002, mais le rythme n'a pas suivi celui de l'intégration. À preuve, 85% des enseignants du primaire affirmaient l'an dernier qu'ils n'étaient «pas en mesure d'obtenir des services adaptés lorsqu'ils en font la demande».

Le gouvernement ne veut pas toucher au budget de l'éducation ? Soit. Mais qu'il puise l'argent ailleurs dans ce cas, qu'il mette une croix sur ses tableaux blancs, ses portables et ses uniformes sportifs. Car qu'on le veuille ou non, l'augmentation des ressources spécialisées est inévitable pour faire de l'école inclusive une réussite... pour tous les élèves.

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