Le gouvernement Charest a dévoilé mardi un nouveau plan d'action visant à réduire la quantité de déchets envoyés au dépotoir. Il repousse ainsi à 2015 un objectif que le Québec s'était fixé... en 1989.

Le gouvernement Charest a dévoilé mardi un nouveau plan d'action visant à réduire la quantité de déchets envoyés au dépotoir. Il repousse ainsi à 2015 un objectif que le Québec s'était fixé... en 1989.

On tend en effet à l'oublier, mais déjà à l'époque, le gouvernement Bourassa s'était donné 10 ans pour réduire de moitié la quantité de «déchets solides» enfouis. Sans succès, toutefois. Ce qui a mené à une vaste enquête du BAPE, puis à une seconde politique gouvernementale, à l'horizon 2008. Sans plus de succès.

On s'entend, on a fait depuis 20 ans des pas de géants en matière de récupération. On a intégré la collecte sélective à notre routine, on rapporte plus de contenants consignés, on agit de manière plus responsable avec les pneus, les peintures, les déchets dangereux.

Mais il n'en reste pas moins que toutes ces bonnes habitudes n'ont pas permis de réduire la quantité de déchets envoyés au dépotoir, pas même d'une seule tonne! Bien au contraire...

Pendant la période couverte par la dernière politique, 1998 à 2008, la population du Québec a crû de 6%, mais la quantité de déchets produits a explosé de 46%. Si bien qu'on envoie plus de matières résiduelles à l'enfouissement aujourd'hui... qu'avant l'application des deux plans gouvernementaux!

Voilà pourquoi on n'a d'autre choix que de reporter le même objectif, de politique en politique. Un objectif que l'on prend chaque fois la peine de réécrire, mais qui se résume à la même chose: réduire la quantité de déchets que l'on entasse dans d'énormes trous, en pure perte.

Y arrivera-t-on cette fois? Tout dépend si les villes et les citoyens acceptent de se relever les manches et de s'attaquer aux restes de tables et autres déchets putrescibles.

Car qu'on le veuille ou non, il s'agit du grand responsable des échecs des politiques précédentes. En effet, si les villes n'ont pu faire mieux qu'un maigre 36% de déchets récupérés en 2008 (bien loin du 60% ciblé), c'est tout simplement parce qu'elles ont refusé de toucher aux déchets organiques (12% traités).

Il importe donc de s'y attaquer une fois pour toutes, et pas seulement parce qu'il s'agit d'un objectif national ou que les matières putrescibles représentent 44% de nos sacs à poubelle. Surtout parce que ces déchets constituent le pire ennemi des dépotoirs : ils s'y transforment en lixiviat et en gaz à effet de serre, contaminant ainsi le sol, l'air et l'eau.

Or malgré un tel constat, les citoyens sont réticents à ajouter un tri à leurs habitudes, on en a eu confirmation dans les blogues et lignes ouvertes ces derniers jours. Et bien des villes rechignent toujours à ajouter une collecte de déchets et construire des installations pour les traiter en raison des coûts associés à une telle aventure.

Le gouvernement, qui a choisi d'abolir Recyc-Québec au moment précis où ses talents de rassembleur sont requis, aura donc fort à faire pour convaincre tout ce beau monde d'embarquer. Seule façon d'éviter un troisième échec en autant de tentatives.

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