Les incidents nucléaires de Fukushima agissent comme autant de Bonhomme sept-heures sur l'imaginaire collectif. Et pourtant, aussi affligeants soient-ils, ils ne justifient ni la panique ni la fin des programmes nucléaires de par le monde.

Les incidents nucléaires de Fukushima agissent comme autant de Bonhomme sept-heures sur l'imaginaire collectif. Et pourtant, aussi affligeants soient-ils, ils ne justifient ni la panique ni la fin des programmes nucléaires de par le monde.

D'abord, évacuons cette peur irrationnelle de l'atome nourrie par des groupes ayant fait de la psychose une marque de commerce. Les incidents sont évidemment toujours possibles dans des situations exceptionnelles, mais ils sont, dans cette industrie hyper supervisée, rarissimes et bien moins funestes qu'on le prétend.

Il a en effet été démontré que parmi les principales sources d'énergie, le nucléaire est de loin la plus sécuritaire. En 2001, l'un des plus importants instituts suisses de recherche a évalué le nombre de «victimes de l'énergie», employés et civils compris, entre 1970 et 1992. Comparant les décès autant en chiffres absolus qu'en térawatt produit, les scientifiques ont constaté que l'atome civil avait fait beaucoup moins de victimes que le gaz naturel et même 40 fois moins que le charbon!

N'empêche, on carbure actuellement aux énergies polluantes dans le monde, en premier lieu le charbon, sans se soucier outre mesure des dégâts causés. On s'inquiète de radiations aux effets limités, on s'émeut de l'existence de déchets nucléaires, mais on s'est résigné à l'idée que des millions de tonnes de CO2 sont envoyées quotidiennement dans l'atmosphère.

Pourtant, l'impact des gaz à effet de serre sur la santé et l'environnement est autrement plus évident. Et plus grave. Pensons aux pluies acides, au smog, au réchauffement de la planète et à ces innombrables décès prématurés que l'on déplore chaque année. Des conséquences nocives qui surviennent sans même qu'on ait à attendre un accident !

Dans un contexte où la planète se fait de plus en plus populeuse, riche, polluée et chaude, il est donc évident qu'il faut mettre une croix sur le charbon et se tourner vers les énergies renouvelables. Mais cela, qu'on le veuille ou non, ne peut se faire sans l'aide du nucléaire.

En effet, l'éolien, le solaire et la géothermie, aussi prometteurs soient-ils, ne peuvent concurrencer les combustibles fossiles à l'heure actuelle. N'étant pas assez fiables, viables et stables, ils doivent être couplés à une source de stockage d'envergure.

Or seul le nucléaire est capable de jouer ce rôle sans émettre le moindre gaz à effet de serre. Il offre ainsi un avantage incomparable pour tous ces pays qui n'ont pas de ressources énergétiques naturelles, qui voient leur population croître de façon exponentielle et qui sont appelés à émettre des quantités monstrueuses de gaz à effet de serre.

Pour répondre à une demande énergétique croissante tout en luttant contre les changements climatiques, le nucléaire se révèle donc incontournable. Malgré les tristes incidents de Fukushima.

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Ce texte est le premier de deux éditoriaux sur la situation du nucléaire, au Québec et ailleurs dans le monde.

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