Les diagnostics de troubles de l'attention explosent au même rythme que les prescriptions de Ritalin depuis quelques années. La faute aux enfants de plus en plus agités, ou aux intervenants qui concluent un peu vite à la pathologie?

Les diagnostics de troubles de l'attention explosent au même rythme que les prescriptions de Ritalin depuis quelques années. La faute aux enfants de plus en plus agités, ou aux intervenants qui concluent un peu vite à la pathologie?

De l'avis du neuropsychologue Benoît Hammarrenger, expert québécois de la question, il n'y a aucun doute qu'il y a épidémie... de faux diagnostics.

Lors d'une conférence livrée devant l'Association québécoise des troubles d'apprentissage, citée par Le Devoir, le Dr Hammarrenger a soutenu que l'on confond trop souvent des symptômes d'immaturité, de trouble envahissant du développement, de douance ou même de la plus banale agitation pour de l'hyperactivité.

Il rejoint en ce sens le professeur de psychologie de Harvard, William Pollack, qui estime qu'au moins la moitié des diagnostics médicaux en la matière, aux États-Unis, sont erronés.

Êtes-vous surpris? Il suffit pourtant qu'un enfant bouge un peu plus que son prochain, aujourd'hui, pour qu'on le soupçonne de couver un quelconque trouble de comportement ou pire, un trouble de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).

Le message inculqué par les enfants est sans équivoque: je bouge, donc je suis malade...

Or, comme le résume avec justesse le Collège des médecins, «tout ce qui bouge n'est pas un TDAH!». En fait, à peine 3% à 5% des enfants d'âge scolaire en sont réellement atteints. On parle ici d'enfants qui présentent un trouble neuropsychologique - donc une maladie, à  forte composante héréditaire - qui entraîne une forte dose d'inattention, d'agitation et d'impulsivité.

Le problème, c'est que pour peu que l'on s'y attarde, on peut déceler ces traits de comportement chez presque tous les enfants, surtout les garçons!

Il est ainsi fort inquiétant d'entendre ces parents, nombreux, raconter que leur enfant a reçu un diagnostic de TDAH en quelques minutes à peine, comme s'il s'agissait d'une vulgaire otite ! Cette dérive n'est peut-être pas généralisée, mais elle existe certainement, comme l'a confirmé le Dr Hammarrenger.

Certains mettent la faute sur les médecins et psychologues, trop débordés. D'autres sur les parents, impatients de régler cette «déviance». Mais peu importe qui en est responsable, la victime est l'enfant mal diagnostiqué qui vivra longtemps avec ce stigmate que la pilule lui rappelle jour après jour.

D'où la nécessité, avant de poser ce diagnostic aux lourdes conséquences, de suivre minutieusement le protocole médical permettant de distinguer l'enfant hyperactif de l'enfant turbulent. Cela signifie plusieurs rencontres dans au moins deux milieux différents, des évaluations psychologiques complémentaires et des grilles de mesures des comportements, à l'école et à la maison.

Mais clairement, notre mèche collective est devenue trop courte pour s'empêtrer dans pareil protocole. Nous sommes intolérants aux baisses de performance. Nous sommes allergiques aux débordements des enfants. Il nous faut donc les éliminer le plus vite possible. Donc, les médicamenter.

Du coup, on fait appel aux psychostimulants autant pour soigner les enfants malades, qui en ont réellement besoin, que pour faire rentrer dans le rang les enfants tout bonnement indisciplinés.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion