Les Québécois se sont présentés aux urnes avec une immense envie de changement, une envie qui se fait sentir depuis plusieurs années déjà, une envie dont le Bloc a été victime sans en être l'unique responsable.

Les Québécois se sont présentés aux urnes avec une immense envie de changement, une envie qui se fait sentir depuis plusieurs années déjà, une envie dont le Bloc a été victime sans en être l'unique responsable.

La grande volatilité du vote, la poussée aussi soudaine que ponctuelle de l'ADQ et la popularité de la Coalition Legault dans les sondages sont autant d'indices récents de ce grand besoin de renouvellement, de sang neuf.

Il y a certainement une part de magasinage dans ce phénomène, sorte de jeter après usage dont plusieurs candidats ont fait les frais. Mais il y a aussi une volonté d'ouvrir les fenêtres, de se débarrasser de cette morosité ambiante qui pèse sur les scènes municipale, provinciale et fédérale.

Les politiciens d'expérience, à qui l'on impute une grande part du cynisme actuel, sont bien évidemment les premiers visés. Dans la foulée du scandale des commandites, de la saga des compteurs d'eau, des déboires de la députation libérale, des accusations de collusion, de corruption et de conflit d'intérêts, une réelle indignation s'est emparée de l'électorat. Mais aucun exutoire n'avait encore permis de l'exprimer.

«Tous pareils», a-t-on pu entendre fréquemment au sujet des «politiciens professionnels». Y compris ceux du Bloc, devenus au fil de leurs 20 ans à Ottawa un élément de ce statu quo toxique. Seule exception aux yeux de l'électeur: tous ces inconnus qui se présentent pour un parti tout aussi inconnu au Québec, le NPD.

Les campagnes négatives, elles aussi, sont perçues comme un élément contribuant au marasme politique. Les conservateurs n'ont lésiné sur aucune dépense pour salir Michael Ignatieff et son manque de patriotisme. Les libéraux en ont fait tout autant pour diaboliser Stephen Harper, son mépris pour la démocratie et son aversion pour le système de santé public.

Et le Bloc a suivi, à sa manière, soit en invitant la population à voter contre ces grands partis fédéralistes prêts à toutes les compromissions, soit en brassant les douloureux souvenirs du passé.

Or si ces campagnes de peur sont d'une redoutable efficacité auprès d'une portion de la population, elles ont l'effet inverse sur une autre, qui elle s'est sentie négligée par tous ces partis bellicistes... sauf le NPD.

Jack Layton est en effet le seul à s'être tenu loin des attaques mesquines et des discours d'opposition, répétant inlassablement - et toujours avec le sourire - ses engagements. Il est ainsi sorti indemne de cette bagarre électorale. D'autant que les moins de 35 ans n'ont aucun souvenir de la «Nuit des longs couteaux» dont son parti se serait fait complice.

On peut bien regarder les électeurs québécois de haut, déplorer qu'ils se soient jetés dans les bras du premier venu, mais ce faisant, on sous-estime leur degré d'exaspération, leur méfiance envers les régimes politiques en place et leur volonté de changement. Autant de choses qui se sont exprimées, lundi.

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