Les députés du NPD qui représentent le Québec détonnent avec l'image traditionnelle du politicien en veston-cravate. Ils sont jeunes, peu expérimentés et ne sont rompus ni à la langue de bois ni aux échanges musclés de la période de questions.

Les députés du NPD qui représentent le Québec détonnent avec l'image traditionnelle du politicien en veston-cravate. Ils sont jeunes, peu expérimentés et ne sont rompus ni à la langue de bois ni aux échanges musclés de la période de questions.

Certains voient leur élection comme le résultat d'un vote impulsif, une démonstration de l'immaturité politique des Québécois, qui aujourd'hui regretteraient amèrement ce flirt d'un jour...

Pourtant, c'était précisément ce que recherchaient les électeurs: une relève, des élus qui abordent la politique autrement, des représentants qui n'ont pas encore l'étiquette honnie de «politicien».

Les Québécois, on le voit depuis quelques années, ne cherchent pas autant une troisième voie sur l'échiquier gauche-droite qu'une deuxième voie politicienne, une autre façon de faire de la politique active, en opposition à celle qui a mené à tous ces scandales, ces excès, ce cul-de-sac constitutionnel.

Ce ne sont donc pas des «poteaux» que les Québécois ont élus - pas plus qu'une moustache, une canne ou un sourire -, mais du sang neuf.

Il est tout de même curieux, alors que les partis peinent à renouveler leurs rangs et les jeunes désertent les urnes, que de torpiller la relève sous prétexte qu'il ne s'agit, justement, que d'une relève. Précisément ce qui a suivi le dévoilement de la liste de signataires de la Coalition Legault, d'ailleurs, sous prétexte qu'elle ne contenait pas de gros noms, seulement un ancien ministre, un ex-recteur, un neurologue, une mairesse, un ancien député provincial...

Mais quand, au juste, est-il devenu nécessaire de jouir d'un large bagage politique pour représenter les électeurs? Gilles Duceppe était jadis préposé aux bénéficiaires et il n'en est pas moins devenu un parlementaire respecté. Jean Charest avait 26 ans à l'époque où il a fait le saut en politique et cela n'a pas nui à sa carrière.

À l'inverse, André Arthur avait beau avoir baigné dans la politique pendant des années, on ne peut pas dire qu'il en a fait profiter ses commettants...

Pourquoi pas, dans ce cas, un entraîneur de karaté? Une enseignante ayant vécu les affres de la dictature Pinochet? Une agronome? Une ancienne conseillère municipale française? On comprend qu'un jeune de 19 ans n'a pas sa place au conseil des ministres, mais comme député d'un parti de l'opposition, épaulé par une équipe, quel est le problème?

Il y a certes des cas douteux dans la députation néo-démocrate, comme dans tous les partis, mais de grâce, ne confondons pas une élue égarée à Las Vegas et son équipe. Ne confondons pas non plus l'ADQ et le NPD, le premier ayant été propulsé sans expérience face à un gouvernement minoritaire, le second ayant derrière lui près de 50 ans d'expérience.

Les Saganash, Boulerice, Turmel et Boivin ont évidemment leurs preuves à faire. Ils doivent montrer qu'ils sont à la hauteur de la confiance qui leur a été accordée. Jugeons-les au mérite, sans préjugés.

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