En dévoilant le Plan Nord, lundi, le premier ministre Charest a évoqué le «chantier d'une génération». Une génération d'autochtones, aurait-il pu ajouter.

En dévoilant le Plan Nord, lundi, le premier ministre Charest a évoqué le «chantier d'une génération». Une génération d'autochtones, aurait-il pu ajouter.

On s'est beaucoup attardé au réalisme des investissements, au flou des détails environnementaux, au manque de générosité des redevances. Mais ce faisant, on a oublié que le Plan Nord, d'abord et avant tout, est un plan pour les Premières Nations, les Inuits et les communautés locales. Surtout leurs jeunes membres, nombreux et dans le besoin.

Le territoire nordique a en effet connu une évolution démographique singulière ces 20 dernières années qui a passablement rajeuni sa population. Une jeune population dont l'horizon est cependant bouché, comme en atteste leur faible niveau de scolarisation.

Le taux de décrochage dans le Nord a beau être similaire à celui que l'on observe dans la portion méridionale du Québec, il en va tout autrement lorsqu'on isole les élèves autochtones: 70% des jeunes Naskapis ont interrompu leur année scolaire sans diplôme l'an dernier, 81% des Inuits, 92% des Cris...

Or sans qualification, leur avenir s'annonce bien difficile. Et c'est souvent parce que l'avenir s'annonce difficile qu'ils ne voient pas la nécessité de cette qualification. Un cercle vicieux qu'il est impératif de briser avec des mesures sociales, une amélioration de l'offre scolaire et une promesse d'emplois. Ce qu'offre le Plan Nord et ses centaines de millions en investissements sociaux, au-delà de l'encadrement du boum minier.

On peut certes critiquer le Plan pour ses éléments manquants ou son penchant industriel, mais il n'en reste pas moins que le Québec démontre une grande ouverture pour un développement du Nord encadré et concerté, comme le reconnaît d'ailleurs le Grand Conseil des Cris.

Cela dit, si le gouvernement croit réellement à sa vision, au «maintien d'une relation de Nation à Nation», il doit agir en conséquence. Il doit intensifier les négociations avec les Innus, convaincre chacune des communautés d'embarquer dans le projet, apaiser leurs inquiétudes et leur scepticisme.

Il est facile pour les Cris d'applaudir, ayant reçu les assurances voulues en signant la Paix des braves avec le gouvernement Landry. Les Naskapis et les Inuits peuvent compter sur la convention signée avec le gouvernement Bourassa. Mais l'Alliance stratégique innue, quant à elle, rejette le Plan Nord en déplorant ne pas avoir droit au même traitement de la part du gouvernement Charest.

«Comment peut-on lancer le Plan Nord sans avoir tenté d'obtenir le consentement de toutes les Premières Nations concernées? Le processus est incomplet», a lancé le chef de l'Assemblée des Premières Nations, Ghislain Picard.

Or pour que le Plan Nord devienne la feuille de route d'une génération, il doit recevoir l'assentiment du plus grand nombre de ces membres, il doit être aussi inclusif qu'il se prétend. Surtout, il doit s'assurer de ne pas imposer à certaines communautés une vision qu'elles ne partagent pas.

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