Le protocole d'entente sur le BIXI, qui doit être soumis au conseil municipal aujourd'hui, a été dépeint comme une «opération de sauvetage financière» par ses opposants. Or il s'agit d'abord et avant tout d'un nécessaire coup de barre administratif.

Le protocole d'entente sur le BIXI, qui doit être soumis au conseil municipal aujourd'hui, a été dépeint comme une «opération de sauvetage financière» par ses opposants. Or il s'agit d'abord et avant tout d'un nécessaire coup de barre administratif.

En effet, le document de six pages vise à la base à retirer à Stationnement de Montréal la responsabilité de l'organisme «Société de vélo en libre-service» afin de la confier à la Ville. Cela, afin que les élus municipaux chapeautent la gestion du BIXI, non plus une société en commandite qui échappe à la loi d'accès à l'information.

L'objectif est d'augmenter l'imputabilité du BIXI en permettant au comité exécutif de nommer le conseil d'administration de la Société, de suggérer le nom de ses dirigeants, d'exercer un contrôle trimestriel de ses activités et d'approuver ses budgets annuels.

Il était temps! Car là se trouve la principale lacune du BIXI: sa gouvernance, sa gestion douteuse, opaque, loin des élus municipaux qui en sont pourtant les responsables.

Cela dit, ce transfert administratif s'accompagne d'un transfert idoine des passifs. La Ville se voit ainsi obligée de prêter 37 millions de dollars à la Société, en plus de se porter garante d'un prêt de 71 millions.

Des questions peuvent se poser quant au menu détail de ces sommes, mais attention avant de crier au «scandale financier»!

Le prêt permettra d'écarter Stationnement de Montréal, d'amortir les coûts de développement initiaux du système et d'éponger le déficit d'opération des deux premières années. Quant à la garantie de prêt, elle servira surtout à payer les factures des fournisseurs avant de recevoir le paiement des villes qui s'en portent acquéreur. Deux opérations légitimes pour une société naissante (qui vise la rentabilité au cours des prochaines années).

Ce que confirme le feu vert accordé il y a quelques jours par le ministre des Affaires municipales. Ce dernier s'est fait tirer l'oreille, mais il a néanmoins approuvé le protocole. Et ce, après lecture des grandes lignes du rapport du vérificateur général sur le BIXI, attendu en juin.

Cela a de quoi rassurer, même si tout ne tourne pas rond. BIXI souffre en effet d'un manque de transparence affligeant. Aucun rapport annuel n'a encore été déposé. Les premiers états financiers n'ont été dévoilés qu'en janvier dernier. Les aventures étrangères du BIXI n'ont jamais fait l'objet d'explications publiques.

Bref, tout a été lancé dans une grande improvisation, sans suivre la plus élémentaire reddition de comptes, sans respecter à la lettre la Charte de la Ville, sans être passé devant le conseil municipal. Autant d'éléments à déplorer, auxquels le protocole s'attaque.

L'administration doit maintenant s'engager à suivre les recommandations du vérificateur, à soumettre BIXI à la loi d'accès à l'information et surtout, à ouvrir les livres comptables du service.

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