La communauté internationale a beau avoir enterré Kyoto et avec lui, l'idée d'une cible mondiale de réduction des gaz à effet de serre, elle n'a pas abandonné les négociations sur le climat pour autant. Il y a eu une rencontre à Cancún, il y en aura une à Durban puis à Rio l'an prochain, ce qui peut donner l'impression que la lutte contre les changements climatiques progresse.

La communauté internationale a beau avoir enterré Kyoto et avec lui, l'idée d'une cible mondiale de réduction des gaz à effet de serre, elle n'a pas abandonné les négociations sur le climat pour autant. Il y a eu une rencontre à Cancún, il y en aura une à Durban puis à Rio l'an prochain, ce qui peut donner l'impression que la lutte contre les changements climatiques progresse.

Erreur. Les troupes continuent peut-être d'avancer, mais elles le font de façon dispersée depuis deux ans et surtout, avec beaucoup moins d'entrain qu'auparavant.

Le mouvement amorcé avec Kyoto dans les années 90 s'est en effet essoufflé avec le temps. On avait à l'époque de grandes visées, qui s'étaient traduites par un objectif ultime que l'on avait découpé en quotas nationaux. C'est ce qui donnait au protocole son élan, son mordant.

Or c'est précisément cette approche contraignante qui est morte dans la capitale danoise en 2009, remplacée depuis par un cadre volontariste où chacun peut proposer sa propre cible, au gré de ses humeurs. Puis on a tenté d'encadrer le tout à Cancún en visant une hausse maximale des températures de 2°C d'ici le milieu du siècle.

Bref, au moment où on baissait les bras, où les médias et les citoyens ont commencé à regarder ailleurs, on a fait le pari du courage, de l'audace et de la volonté des élus...

Rien d'étonnant à ce que les promesses faites par les différents pays à ce jour n'arrivent pas à la cheville du défi. Mises bout à bout, ces dernières ne permettraient même pas la réduction d'une seule tonne de gaz à effet de serre d'ici 2020! Au mieux, les émissions augmenteraient seulement de 10%.

Pas surprenant que l'Agence internationale de l'énergie ait décidé de pousser un cri d'alarme lundi, dans la foulée du G8 et à quelques jours d'une rencontre sur le climat. Profitant d'une fuite qu'elle a probablement orchestrée, l'AIE a affirmé que la hausse record des émissions en 2010 représentait une «entrave sérieuse» à l'espoir de limiter la hausse des températures à 2°C. Sans «décision courageuse et marquante», ajoutait-elle à mots à peine couverts, la chose sera carrément impossible.

La communauté internationale doit prendre acte. L'effort n'étant pas à la hauteur, elle ne peut pas accepter les propositions de tout un chacun les yeux fermés. Elle ne peut pas non plus se contenter de reproduire l'entente de Copenhague dans un beau traité international, comme elle pourrait être tentée de le faire à Durban ou Rio. Elle doit plutôt miser sur le côté rassembleur de l'entente et tout faire pour la renforcer, pour convaincre les pays riches et émergents de la nécessité d'aller plus loin, d'accroître leur effort.

Il n'y a évidemment pas de recettes magiques. Mais suite à l'échec de Kyoto, une chose est sûre, la communauté internationale ne peut pas se permettre une autre décennie de demi-mesures.

Dernier de deux éditoriaux sur l'avenir des négociations sur le climat. À lire aussi: «Kyoto est mort», publié le 31 mai.

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